Il avait envisagé l'union pour les homosexuels, reconnu qu'il avait été aux putes à un moment de sa vie. Bref, il vivait bien en face de lui-même et s'assumait pleinement.
L'église, dans son infinie prévoyance, et dans sa non moins infinie hypocrisie, a déjà, j'imagine, prévu la manière dont elle traitera la mémoire de ce cas embarrassant : un clerc qui s'est révolté contre le système. "Santo Subito", ça ne sera pas pour lui....
C'est bien de cela qu'il s'agit: c'était un esprit libre.
Je suis allé le voir une fois à S. où il était venu pour l'anniversaire de l'implantation locale d'Emmaus. Dans sa causerie il avait repris le thème de la marche des migrations vers le coucher du soleil, vers l'ouest. Bloqués par l'océan, ces peuples s'établissent chez nous...
J'ai surtout été impressionné, ce jour là, par ses habits. Outre sa traditionnelle cape, un gilet noir miteux sur une chemise à carreaux, il avait un vieux pantalon en velours dont l'ourlet avait été décousu sur 10 centimètres pour s'adapter à la longueur de ses jambes avec des différences de couleur du tissu criantes à cet endroit. Il se foutait complètement de son paraître...
Au sujet du paraître, j'ai pris cette leçon là. Je me fous un peu, moi aussi du paraître. B. me conseille souvent de tailler ma barbe, de raccourcir mes cheveux, mais l'important n'est pas ça. J'ai d'autres critères pour apprécier les gens et, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, grands ou petits, pourvu qu'ils posent sur moi un regard riche de vérité, je les aime comme ils sont..
Merci l'abbé...
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