jeudi 14 janvier 2010

Haïti

Pour avoir "ramassé" quelques cadavres déchiquetés ( les morceaux, l'odeur, les mouches, les oiseaux qui viennent picorer les restes...) au cours de ma vie professionnelle j'imagine avec effroi le charnier de milliers de morts sous la chaleur des tropiques: spectacle dantesque, remugles suffocants, décomposition des chairs, et que dire de tous ces blessés laissés sans soins?.. Dans ce pays, où certains mangent des galettes d'argile pour calmer leur faim, je me demande avec quels moyens les survivants vont pouvoir faire face à la situation: catastrophe sanitaire annoncée, pays entièrement à reconstruire... L'aide internationale ne sera qu'une goutte d'eau dans un océan de désespoir...
Dans le cadre de cette aide, Besson a annoncé qu'il arrêtait les expulsions vers Haïti. Il aurait pu les arrêter sans l'annoncer mais j'imagine qu'il fallait qu'il le fasse savoir par un communiqué officiel du "ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire" : dérisoire Besson, on est l'immonde qu'on peut!
Une messe sera dite ce soir à Paris pour les victimes: quel Dieu va être invoqué? Le créateur, le destructeur, l'implacable, le compassionnel. Je suppute que le produit de la quête sera reversé aux sinistrés. L'évêché le fera-t-il savoir?

J'ai relu le poème sur le désastre de Lisbonne de Voltaire:

"...Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?..."

4 commentaires:

  1. La référence au Grand Tremblement de Terre de Lisbonne est tout à fait pertinente.
    Ceux qui se réfugièrent dans les Eglises périrent écrasés par la chute des lourdes voûtes de pierre, alors que ceux qui avaient préférés les lupanars, situés dans de petites cabannes en bois s'en sortirent indemnes.
    La notion de "Providence" n'y survécut pas, au moins en Philosophie.

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  2. Même effet cette fois-ci: les riches avec leurs maisons en dur s'en tirent moins bien que les pauvres dans leurs bidons villes en tôles et en carton. Ça veut dire aussi que les cadres du pays ont été décimés...

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  3. Il ne les arrête pas mais les suspend, la nuance est intéressante en ces époques pré-électorales.

    Pas trop suivi cette triste histoire mais en cas de sinistre d'une telle ampleur dans un pays extrêmement pauvre, la priorité est la coordination et la logistique. Les politiques parlent souvent beaucoup et surtout pour leur propre image quand ça arrive mais on sait malheureusement qu'ils sont totalement incompétents dans les domaines purement matériels et techniques. Il suffit de regarder le résultat quand ils veulent organiser une simple campagne de vaccination à grande échelle dans un pays bien moderne comme le nôtre. Ces gens qui sont sensés soutenir leurs citoyens ne sont finalement que des assistés incapables d'aller pisser tout seuls.

    Ouf, c'est pas trop dans le sujet mais ça fait tellement de bien...

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