mardi 18 janvier 2022

L'an 2000

Je poursuis tranquillement la lecture de mon année 2000. C'est assez répétitif, surtout la partie travail, mais j'aime relire mes aventures diverses et variées alimentées par une  belle libido. Et comme j'ai le goût des collections...
Un petit extrait vers avril 2000 :

"Nous avons fait les courses rapidement le matin . Il n’y avait pas trop de monde. Nous sommes rentrés assez tôt pour boire un café et pour aller à une brocante signalée par M.. Mais quand nous y sommes rendus ce n’était qu’une fête scolaire dans un collège situé prés des haras de Strasbourg. J’en ai profité pour rentrer dans les haras et outre les magnifiques bâtiments du dix huitième siècle, qui malheureusement sont en train de tomber en ruine par manque d’entretien, outre les deux ou trois canassons, derniers survivants de races de trait qu’on maintient en vie pour la conservation des gènes, il flottait une odeur de paille et  d’humide qui m’a rappelé les odeurs de ma prime jeunesse quand je vivais à la campagne. Les paysans  laissaient  tous les enfants  traîner dans les fermes,  aller d’une étable dans  une grange  et nous partagions ainsi la vie des habitants du village. 
Ces odeurs de paille mouillée, d’urine d’animaux, de crottin, d’herbe, de pluie, je les avais oubliées et dans le décor quasi champêtre du manège qui se trouve à l’intérieur des haras, j’ai pu retrouver les sensations oubliées de mon enfance. Je suis ressorti à contre cœur car L. m’attendait dans la rue, mais je me promets de revenir un jour ou l’autre me replonger dans mes souvenirs. Plus rien dans les campagnes aux alentours de Strasbourg ne ressemble au village des tous débuts de ma vie : les animaux ne paissent plus, il n’y a plus d’attelages de chevaux et les villages rivalisent de propreté, d’équipements, de chaussées aménagées, alors qu’il restait encore nombre de chemins de pierres  et de boue dans la campagne de ma petite enfance. 
Pour ne plus jamais en voir dans les prés, on se demande s’il existe encore des vaches alors qu’on boit du lait tous les jours. Mais les formes diverses que prennent les produits agricoles, revus et corrigés après toutes les transformations que leur fait subir l’industrie agroalimentaire nous écarte chaque jour davantage de la présence de la nature. Maintenant que tout est sous plastique, calibré, reconditionné, coloré, enrichi de choses et d’autres,  on ne sait plus qu’à l’origine des tranches de jambon il y a un porc qui a vécu quelque part, ou qu’à la source du yaourt double crèmes enrichi de parfums artificiels il y a le lait d’une vache stabulée dans un hangar immense et nourrie avec des farines provenant des déchet de poissons péchés dans un océan. 
On supprimera bientôt les océans comme on a supprimé les pâturages et après le lait en cube, le poisson en carrés, le chocolat en triangle, nous auront les œufs en cylindre, le vin en boule, les steaks en plaque, les frites en tube... Tout notre monde s’éloigne chaque jour des réalités  de la nature et, retournant dans le passé avec ses vieux bâtiments, ses toitures effondrées, ses pavages en galets, ses rigoles, ses petites fenêtres, ses odeurs , sa boue, tels que je les ai revus et sentis en rentrant par effraction à l’intérieur des haras. j’ai pu avec nostalgie mesurer le temps qui a passé, ce dont j'avais complètement perdu conscience..."

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