vendredi 13 avril 2018

De l'histoire des choses..


Le Sanctuaire mérite bien son nom si l'on fait le compte des crucifix qu'il renferme, une bonne trentaine des 17e, 18e et 19e siècles dont un qui, semble-t-il, contient un morceau de la vraie croix, si l'on considère le petit reliquaire renfermant, entre autres, des restes de François d'Assise et de Catherine de Sienne, si l'on vénère le véritable calice qui s'y trouve, un objet sacré où Dieu lui-même vint se transsubstantier, si l'on aimes les vierges  et les anges en porcelaine comme on les faisait au 19e siècle, si on admire les couleurs de cette partie de vitrail où un ange joue de deux flûtes, mais je m'aperçois que je n'ai pas encore parlé du pape que j'héberge depuis au moins vingt ans et qui, lui, fait partie de l'histoire de France...
Le voici :


C'est une gravure d'Angelo Campanella, joliment présentée dans un cadre d'époque, verre d'époque, clous d'époque par  Toulouse et Nicolas, doreurs et marchands d'estampes, qui tenaient  boutique au cloître St Germain l'Auxerrois n°37 près l' Eglise, à Paris.



Pie VII, c'est le pape qui s'est confronté à Napoléon Ier, qui a été son prisonnier. C'est aussi le pape de son couronnement et c'est aussi celui qui a signé le concordat qui est encore en vigueur en Alsace Lorraine..

Ce qui est intéressant dans ce portrait c'est ce qu'il y a écrit au dos :



C'est un présent offert par le pape à un certain Charles Gibert. Il est fort probable qu'il lui a été donné au cours d'une audience où le pape après avoir bénit l'objet l'a tendu lui-même à ce monsieur qu'il voulait remercier pour quelque service rendu. Ça s'est passé à Paris puisque Pie VII après avoir participé, le 2 décembre 1804, au couronnement de Napoléon Ier, est resté sur place jusqu'à début avril 1805. Il logeait alors aux Tuileries dans le pavillon de Flore....

Charles Gibert n'a pas laissé  beaucoup de traces. Il était avocat, homme de loi et c'est certainement à ce titre qu'il a servi le pape lors de son séjour à Paris où il a dépensé beaucoup d'argent selon les mémoires du cardinal Consalvi.
Charles Gibert avait la quarantaine lors de cette rencontre. On ne sait pas grand chose d'autre de lui, sauf qu'il appartenait à une famille de la grande bourgeoisie champenoise.

Là où l'histoire devient plus intéressante et où on s'aperçoit que les bénédictions du pape protègent et portent chance, c'est que  ce Charles avait une fille. Laquelle rencontra un jeune homme des années plus tard. Ils se plurent et ils se marièrent. Le jeune homme était acteur au théâtre de l'Ambigu Comique. Je pense que le couple vécu très heureux, la fille de Charles, qui avait décidé de changer de prénom et de se faire appeler Caroline,   réussissant, en parfaite femme d'affaire, à bien gérer les biens de son mari et à rembourser ses nombreuses dettes. Ils eurent deux enfants.

Manque de bol, si je puis dire, pour un dilettante, ce Florestan, un prénom qu'on ne peut pas inventer,  avait un frère. Lequel mourut sans avoir eu d'enfant légitime. Et il dû prendre sa place et devint prince de Monaco. Et c'est ainsi que la Caroline  est l'une des ancêtres de toute la famille princière du Rocher..

Ce Florestan devait être un sacré personnage puisque Sacha Guitry en a fait une opérette en 1933

Quand à la princesse Caroline, c'est elle, dit-on, qui a eu l'idée d'installer un casino à Monaco, faisant ainsi la fortune des Grimaldi...

J'ai acheté cette gravure sur une brocante il y a bien longtemps. Je me souviens juste que c'était un lundi de Pentecôte.  Par quel étrange chemin est-elle parvenue jusqu'à moi ?  Je m'interroge. Elle est maintenant là, accrochée sur son mur et je me demande si elle continue à porter chance.. Pourquoi pas?

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