dimanche 30 avril 2006

Dodo

C'était pas "une réunion, tu peux boire !" Les 0.5g d'alcool maximum, quand il faut rentrer ensuite, exigent de la retenue.
Chacun ayant apporté quelque chose il y avait beaucoup trop de tout, à boire, comme à manger. J'ai goûté ( mot exagéré ), par exemple, un fromage français qui est fabriqué uniquement pour les allemands car les français ne l'aiment pas. C'est vrai qu'il n'a aucun goût. Il n'est donc pas vendu en France, mais l'un des marcheurs bordelais, qui travaille dans la fromagerie qui le fabrique, en a apporté un. Un autre marcheur, vigneron, est venu avec quelques unes de ses bouteilles. C'était trop...
La perspective des efforts prévus demain nous a tous fait rentrer de bonne heure. Au lit donc....

samedi 29 avril 2006

Non stop

Avec les BASCOBAROUDEURS s'annonce un "24 heures non stop". Nous sommes 45 prévus à la rando de demain : des groupes de Bordeaux et de Pau viennent renforcer les effectifs. Le bouche à oreille a, ici aussi, bien fonctionné.

Donc ce soir soirée d'accueil des groupes exogènes chez B. et P. On fêtera en même temps le départ de L. qui quitte tout ici pour rejoindre son Daddy suisse ( histoire à dormir debout d'après moi, mais bon... le Daddy en question vit toujours avec sa femme, qu'il aime toujours (!), et tout va bien se passer dans le meilleur des mondes..??? Je t'aime, tu m'aimes, on s'aime...! Je rêve..! )

Ensuite, j'héberge, pour deux nuits, deux bordelais. Qui ça sera ? Surprise, surprise... Je n'ai pour l'instant qu'un lit d'une personne (où il me manque toujours une taie d'oreiller) et le mien qui a deux places. Il faut que je trouve un suicidaire qui veuille bien partager mes ronflements. On verra, mais comme nécessité fait force de loi, ça devrait s'arranger...

Demain ça se corse. Lever vers 7 heures car le rendez-vous est à 8h30. Ensuite on part en Espagne et on fait la marche en moyenne montagne d'une 20aine de km. Durée 6 heures. Temps prévu : ensoleillé et frais.

Suite: piscine pour se doucher et faire quelques brasses.

Ensuite repas à San Sebastien.

Et pour terminer soirée avec GEHITU qui devrait nous emmener dans la tonitruence jusqu'à 5 ou 6 heures du matin. Ils espèrent 1500 à 1800 personnes. Cette fois-ci j'emporte des boules Quiès...

Mes parents m'attendent pour manger lundi midi. Je ne sais pas dans quel état je vais être... Pour le jour de mon anniversaire ! C'est vraiment pas raisonnable à mon âge..! LOL...

jeudi 27 avril 2006

Oh, my gode...!

Tombé là dessus. Catalogue distribué gratuitement dans le bar..

4 pages de godes. Pour toutes les envies...

Plus étonnant encore : la bouche à pipes avec vibreur 29€ , l'anus peau douce Butt Banger 52€, le masturbateur Jelly Pocket Penis 41€, la poupée gonflable Jason 152€ (poupée c'est pas le mot: c'est un poupon plutôt), la boîte à plaisir générateur d'ondes électriques 155€, le développeur à tétons 50€, la crème développante Maxi Penis 50 ml 15€, le spray anal lubrifiant et anesthésiant 29€....etc...

Y'a de quoi s'amuser de nos jours...

mercredi 26 avril 2006

Mirabeau

Après la furie des travaux, je glandouille gentiment... Une sorte de phase décompressive où je dois prendre mes marques, installer mes objets, régler des petits détails. Je m'accapare enfin le lieu.

Je prends mon temps: l'objet que je vais poser à telle place va y rester des années. Il faut donc qu'il arrive tout de suite au bon endroit et que je n'aie pas à y revenir. Il doit y avoir une certaine cohérence pour créer l'impression d'un fouilli rangé, que l'oeil du visiteur se perde, qu'il aille à la chose qui l' attire, un tableau, une lampe..., et qu'il transmette le message d'un partage de goût ou d'idée.

J'ai aussi une liste des tâches qui restent à accomplir : faire venir de Paris un four que me donne ma fille, mission ardue que je ne parviens pas à régler, remplacer une latte du lit, acheter deux barres à rideaux, des rideaux, deux tabourets de bar, des vis pour accrocher les tableaux, mettre une prise télé...

Insurmontable le matin , inachevé le soir: tout cela traîne depuis des jours. Je ne suis même pas allé voir la mer ces derniers temps: est-elle toujours là ?

Je suis bien, finalement, dans ces phases un peu dépressives. J'ai toujours éprouvé beaucoup de bonheur dans la mélancolie. Dans ce repli j'ai l'impresson de me retrouver, de me rendre à moi-même..

Mon horloge tic taque, bruit familier que j'aime tant:

"Vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont, je demeure..."

mardi 25 avril 2006

En l'an 2000...

Le mardi fut une journée tout à fait banale. Lever, boulot, manger, reboulot, le soir, dormir.

Nous avons entrepris, M et moi, de déniaiser mon adjoint, et nous avons eu notre petite heure de délire à ce sujet dans une complicité amusante. Nous avons parlé un peu de sexe et même avec des glissements scatologiques. Comme il fallait s’y attendre, l’adjoint n’a pas bronché, laissant passer l’orage sans monter le moindre étonnement. C'était un collègue complètement coincé, bon père, bon époux, bon catholique, bon citoyen, un bel exemple pour les générations futures, mais qui ne vivait rien.

J’étais un jour au troquet avec C. qui avait mené une vraie vie de patachon, l'ayant consacrée aux femmes et au sexe, et lui. Nous étions tous les trois assis, en train de commenter les derniers événement de la semaine écoulée quand, C. et moi, trouvant la conversation insipide, nous nous mîmes à délirer sur notre vie sexuelle, racontant des scènes croustillantes de nos aventures. Nous n’avions vraiment rien à nous apprendre, ni à nous démontrer mutuellement, mais le but du jeu était de voir l’autre collègue quitter la table, choqué dans ses chastes oreilles de bon chrétien. Il ne disait mot. Comme il était silencieux, nous avons dû en rajouter pour le faire décoller de sa chaise. Et nous en sommes arrivés à raconter des scènes qui n’étaient que pure invention car ni l’un ni l’autre ne serions allés jusqu’aux sordides turpitudes que nous racontions. Mais plus notre récit descendait dans le vice le plus infâme, plus notre collègue restait rivé à sa chaise comme fasciné par les scènes que nous étions censé avoir vécues. Nous avons fini par abandonner notre jeu, car il y prenait du plaisir manifestement et nous étions à l’inverse du but recherché. De ce jour je me suis fait d’étranges idées sur mes contemporains, surtout quand ils affichent une vie exemplaire et une rigueur morale de bon aloi.

Au sauna le soir F. me tint des propos un peu similaires quoique opposés dans le fond. Il se mit à parler de lui. Il commença la conversation en essayant de me convaincre de fumer du haschich. D’après lui, comme d’après tous ceux qui m’en ont offert, sa consommation est sans danger aucun. J’ai naturellement résisté sur mes positions qui sont basées sur le bon sens : ne pas fumer ces cochonneries, ça me fait un problème de moins à gérer. Il en vint donc à se positionner par rapport à sa consommation de H, de l’usage relatif qu’il en fait, de sa non dépendance et il poursuivit par un descriptif de toutes les drogues et des effets qu’elle ont sur ceux qui en consomment.

Puis il en vint à parler de sa consommation de sexe et de l’usage qu’il en faisait. Il reparla de ses dernières vacances et du bonheur qu’il eut de les passer avec D., dans une sereine tranquillité, entrecoupée, il est vrai, de quelques petits extras dans les dunes. De cette conception simple de ses rapports avec autrui, il en vint à me dire qu’il supportait mal quelquefois les propos d’A. qui semblait donner de sempiternelles leçons de sexe, sur les manières d’attaquer, sur les fréquences, sur les tableaux de chasse, sur les pratiques sado maso, sur les lieux, sur les anecdotes etc… F., lui au contraire, aimait les choses simples et entourées d’un minimum d’affectivité et il remarquait que la psychanalyse que suivait A. depuis si longtemps n’avait pas l’air d’arranger quoi que ce soit : A. s’enfonçait dans des pratiques sado maso et dans un trip de pure consommation. Il trouvait qu’A. allait mal dans sa tête.

Puis il revint à sa situation de gardien de sauna. Approchant de la trentaine il reconnaissait qu’il faisait un drôle de métier, quasi tenancier de bordel, plongé dans la sorte de fange glauque des comportements sexuels de ses clients et qu’il n’avait pas une grande visibilité sur son avenir, comme on dit maintenant. Mais il poursuivit en remarquant que bien souvent il n’avait absolument pas l’impression d’être au travail ou d’ être en train de travailler, tant les gens qui venaient, qui lui parlaient, qui se confiaient à lui, qui se livraient à son regard lui importaient. Observateur d’une humanité vraie et totalement dépouillée qu’il voyait évoluer chaque jour devant lui, il ne pouvait pas envisager un seul instant son retour dans le monde des masques et du paraître. F. serait malheureux derrière un ordinateur ou devant une machine, à la merci de petits chefs, alors qu’il jubilait comme patron d’un anti monde, mais tellement authentique.

lundi 24 avril 2006

Hôtel

Il y a des choses admirables en l'Ile. Je passe souvent devant l'hôtel S. C. et chaque fois je suis étonné par la beauté simplissime et aimable qui s'en dégage. Les deux platanes, à l'entrée, semblent le protéger et faire une allée aux visiteurs qui vont rentrer et gravir l'escalier qui permet d'y accéder.

C'est une maison où j'aimerais dormir en pensant à toutes les belles histoires qui ont dû s'y passer. L'endroit est trop apaisé pour qu'il y ait pû s'y produire des disputes et des haines. On doit y attendre tranquillement le soir qui tombe, que la pluie finisse, qu'il se réveille, qu'elle se prépare...

Le top serait que l'hôtesse soit une femme à longue robe, un peu âgée, un peu tremblotante, un peu inquiète du confort de ses visiteurs, blonde, au regard rempli de tendresse...

Voilà. C'est un des charmes de l'Ile: rêver....

dimanche 23 avril 2006

Prostate

Dimanche. Levé à 7h30. Comme d'hab c'est l'envie de pisser qui me réveille. Je m'étais couché vers trois heures. J'ai un pas de sommeil de 5 heures environ: dame prostate est aux commandes. Ne pas boire avant de se coucher est recommandé. Dans un bar c'est pas facile...

Mais bon, dans la prostate il y a du meilleur et du pire. C'est elle qui, bien titillée, vous propulse au septième ciel. C'est P., un maître en la matière, qui m'en a fait connaître l'usage orgasmique... Un must, je trouve, en matière de jouissance...

Je passe bientôt le cap d'un anniversaire et ça me fait penser au repas d'avant hier avec mes deux commensaux sonotonés. Ils n'ont pas beaucoup parlé de leurs soucis de santé, ce qui est la conversation habituelle des vieillards, mais à la fin du repas l'un deux m'a dit qu'il attendait la mort et qu'il la verrait arriver avec soulagement. " A un moment on a envie que cela cesse". Je suis bien d'accord avec lui...

Pour vous dire que la prostate ce n'est qu'un début. Il y a la cataracte qui pointe. N., à peine plus âgée que moi a déjà été opérée d'un oeil.

Mais, d'un autre côté je vois mon père qui est en pleine forme. Il vient d'abattre un gros chêne tout seul et va le faire débiter en planches pour que la famille ait du bois d'oeuvre pour plus tard. Une manière qu'il a pour qu'on pense à lui quand il ne sera plus là.

Pourvu que j'aie récupéré ses gènes....

samedi 22 avril 2006

Courtoisie

Déjeuné hier avec un ancien professeur de médecine et l'ancien directeur d'une société nationale connue de tous. 84 et 88 ans, veufs tous les deux.

Etonnants de prévenances et de courtoisie l'un envers l'autre. Tout dans le tact, la mesure. Ils poursuivent ainsi une vieille amitié toute en respect de l'autre, en politesse mesurée et réchauffent ainsi leurs jours qui, sans cela, pourraient être d'une grande solitude.

J'avais pris une leçon il y a longtemps quand je fus l'amant de P. qui pratiquait cet art avec brio. Il abordait les gens l'air aimable, avec une grande courtoisie et recevait en retour ce que ses interlocuteurs avaient de meilleur à rendre. Ca n'a l'air de rien, mais c'est toute une manière d'être: considérer l'autre avant tout, le respecter et lui envoyer dès le premier abord des signes qui vont le placer dans de bonnes dispositions à votre égard. Un art, je vous dis...!

La baronne Staffe, dont je suis un lecteur amusé, en a écrit des tartines là dessus et elle a fondamentalement raison. Je suis malheureusement un de ses mauvais élèves, et bien que convaincu de l'importance de ce dont je viens de parler plus haut, je ne sais pas bien le pratiquer. J'ai encore beaucoup à apprendre dans ce domaine....

Voici la solution du jeu d'hier. C'était difficile. La tête du turc bascule quand la boule arrive.

vendredi 21 avril 2006

Turlutte

Quand mon père allait à la pêche en mer, quelques fois je partais avec lui. Un jour il m'a montré un appât de pêche et m'a expliqué gravement que c'était une turlutte. Ca sert pour les calmars.

Je lui ai demandé s'il pouvait me la donner et c'est ainsi que je me suis trouvé nanti d'un objet que j'ai installé dans mon bureau quand je travaillais encore.

Avec ma turlutte, j'ai souvent joué à l'objet mystérieux: "vous avez dix questions pour me dire ce qu'est cet objet". Tous sont arrivés à trouver que c'était un appât de pêche. Mais personne n'a pu me dire que ça s'appelait une turlutte et que c'était pour attrapper les encornets. J'en ai fait don à un collègue quand je suis parti: je vis sans turlutte maintenant... Peut-on vivre sans turlutte ? Telle est la question...

Puisque c'est la journée de l'objet mystérieux, en voici un autre... Qu'est-ce que c'est ???

jeudi 20 avril 2006

Emmas

Je commence souvent le post du jour sans avoir la moindre idée de ce que je vais bien pouvoir raconter. Puis au fil des mots les idées viennent et le sujet prend corps.

Là c'est le grand vide. Il fait beau sur toute la France. Je viens de rentrer des Emmas et je n'ai rien trouvé cette fois-ci. Il me faut encore des double rideaux et deux tabourets de bar pour la cuisine, des fauteuils en plastique pour le balcon et des lits jumeaux. Pour les lits jumeaux c'est urgent : des invités sont annoncés pour le 30.

Cette fois-ci la queue a été chiante, les gens repliés sur eux-mêmes sans avoir l'envie de converser. Pas de surprise non plus dans les tas d'objets divers en vrac. J'ai trouvé une fois une prothèse d'épaule que j'ai achetée pour l'offrir à mon fils... Drôle de cadeau... Une autre fois je suis revenu avec des cerfs-volants dont personne n'a voulu. Pourtant ici il y a du vent...

Le vendeur est bougon. Il a ses têtes. Je la joue humble avec lui: c'est lui qui fixe les prix. On s'est déjà engueulé sur la provenance et l'époque de certains objets: il touche sa bille, mais je ne suis pas mauvais non plus, d'où les désaccords...Je me promets toujours de l'inviter à manger, mais ça me semble trop lèche. Il ne va pas apprécier.

J'ai vu partir une magnifique table contemporaine d'un styliste italien pour dix euros. Avant hier c'était la braderie des postes, amplis etc.. Un Harman Kardon à 5 euros...

C'est toujours comme cela aux Emmas: il faut être à l'affut. On part avec une idée et on revient avec autre chose. Les brocanteurs sont fidèles parmi les fidèles. Les Emmas c'est une source d'approvisionnement pour eux. Nous sommes en concurence. Ils m'ont repéré depuis longtemps et m'ont donné un surnom : Myrtille...

Débordé

J'ai reçu une offre d'abonnement à une revue qui n'ignore rien de mon état de retraité ( ses fichiers informatiques étant bien tenus, je suppose ).

Voilà ce qu'ils m'écrivent: " Vous le savez sans doute, plus on prend de recul, plus on est occupé" . Là je trouve que pour écrire des choses pareilles ils ne se sont jamais emmerdé en retraite. Et ça continue : " C'est en pensant à tous ceux qui ne savent plus où donner de la tête pour profiter pleinement de leur temps libre que nous avons conçu ce périodique" Ben, désolé, je sais où donner de la tête, trop même...

Ils aggravent leur cas ensuite: " Chaque semaine, grâce notamment à son programme TV, à ses pages sur le jardinage, la pêche, le vin et le tourisme, votre revue vous accompagne utilement dans vos moments de plaisir et de détente." C'est surtout ça que je voulais éviter: m'endormir devant Derrick, faire pousser des salades que je ne mangerai pas, passer des heures à guetter le gougeon, me bourrer la gueule, aller en troupeau voir les pauvres dans leurs pays d'origine... C'est peut-être pour cela que je m'emmerde grave...Mais je préfère. Dans le fond mon vide sidéral l'est peut-être moins que ces "occupations" qui font antichambre de la mort.

Alors donc, je ne profiterai pas de "l'offre exceptionnelle qui m'est réservée", et je n'aurai pas " cette superbe montre d'une valeur de 55 euros". Tant pis....

Bon. Je me calme. Hier j'ai remis en service l'ensemble de mon pack informatique. J'ai envie de faire un dessin là pour illustrer ce post. Ca va mettre un certain temps , le temps que je dessine, que je scanne. Et puis un mec doit passer sous peu. Je dois faire les Emmas tout à l'heure pour trouver ce qui me manque encore, et ce soir j'ai une réunion pour organiser la gay pride en l'Ile le 17 juin...

Serais-je débordé finalement?

mercredi 19 avril 2006

Frétillants

Rien foutu hier. Pas même tenu un marteau. Journée glandeuse. Une visite rapide à la mer vers 17 heures. Moins de monde sur la promenade. Le week-end pascal est terminé.

Au bar, hier soir, du classique... X. a fait son numéro qu'il tient vraiment bien. C1. s'adonne au SM et traverse la France pour faire des rencontres. C2. s'est plaint de la qualité des programmes à la télé. P. va aller voir le match de rugby de coupe d'Europe samedi prochain. Quelques considérations sur le sexe avec les noirs et les asiatiques. Des développements sur la drague par les réseaux sur internet...

Cette ambiance m'a rappelé celle de février quand la longueur de l'hiver a fini d'épuiser les meilleures bonnes volontés et a tué toutes les velléités de bouger et de vouloir faire quelque chose. Le petit monde se replie alors sur lui-même, se met en état de survie, ne dit presque plus rien et attend que le temps passe. Des petits groupes s'isolent, gèrent les conversations courantes, vite épuisées elles aussi, et les mecs se pétrifient sur leur tabouret devant leur verre, assommés par le néant.

C'était presque le cas hier soir, sauf que l'été se rapproche. Cet état est tout juste transitoire: les touristes frétillants seront bientôt là....

mardi 18 avril 2006

Observer

Discuté hier soir avec un gentil garçon qui travaille dans le plus grand hôtel de l'Ile, classé 40e hôtel mondial. Chambre à 300 euros la nuit.

On s'évitait depuis deux ans: j'avais fait une tentative de main au cul, qu'il a fort bien dessiné, qui avait mal tourné. Et puis d'un coup, hier il m'a causé.

Etrangement transparent, il m'a dit plein de choses sans que je les lui demande. C'est souvent le cas. Je sais combien il gagne, ce qu'il paie de loyer, ses diplômes, son âge, ses espérances...Il a parlé aussi de politique qui le passionne. Le vote des immigrés il est archi contre. Il ne votera pas pour Ségolène pour cette raison.

Il n'a pas tout dit. Il en reste pour les prochaines fois: sa vie sexuelle, sa bite, ses goûts, ses aventures, ses mecs... Et plein d'autres choses encore, j'imagine. Qu'il continue à raconter, car j'ai toujours envie de connaître la cambrure de ses reins et d'aller trifouiller dans son fondement...

Et puis, je crois que la conversation a démarré sur ce thême, il m'a parlé de ses riches clients que tout le monde connaît. J'ai été surpris d'apprendre qu'un animateur télé marchait à la coke, qu'un autre qui eut ses heures de gloire, était maintenant en chaise roulante, qu'un chanteur était infect, que tels autres étaient adorables...etc....

Grands de ce monde, le petit peuple vous observe...

lundi 17 avril 2006

Yam's

Hier, je me baladais sur le front de mer quand j'ai remarqué quelqu'un qui jouait aux dés, seul. Comme ça m'intriguait, je l'ai abordé et il m'a appris qu'il jouait au yam's avec des règles qu'il avait améliorées. Sa méthode de comptage s'enrichissait en effet d'un jeu à l'endroit, d'un jeu en un coup sec, d'un jeu à l'envers, le tout entrecoupé de points de bonification çà et là.

Je lui ai demandé si je pouvais jouer avec lui pour apprendre et c'est comme cela que j'ai fait une partie de dés au bord de la mer. J'ai de la chance aux dés: je l'ai battu en faisant 1321 points ce qui est, m'a-t-il dit, un bon score.

Il m'a invité ensuite à boire un café chez lui.

Il m'a alors raconté.

Il perd son boulot suite à une restructuration. Ne retrouve rien : il a 45 ans. Les économies fondent. Son ménage avec. Sa femme finit par demander le divorce. Avocats, bazar et compagnie finissent par bouffer les dernières ressourses.

Il se retrouve pratiquement sans rien et pour l'aider son beau frère lui propose de venir se loger dans le studio qu'il possède au bord de la mer et d'essayer de trouver du boulot sur place. Il accepte, s'éloigne de ses soucis et arrive ici fin février.

Voilà. Il cherche du travail. Ici, en l'Ile, c'est pas facile. Nous sommes dans un mirage, un miroir aux alouettes, une illusion....Combien s'y sont déjà échoué...?

dimanche 16 avril 2006

Hard Sex

Levé ce matin à neuf heures. Un rayon de soleil insidieux est passé par l'unique fente du volet et ça a suffit... Je me suis couché à quatre heures. Bon, cinq heures de sommeil ça va. Mon quota c'est six heures.

Cette nuit c'était hard sex. Peut-être cent quatre vingts partouzards en rut. Comme d'hab les gens d'ici peu nombreux et des arrivées massives de Bordeaux, de Toulouse, d'Espagne...

Il y avait des participants qui étaient tout équipés avec des uniformes en cuir, genre militaire, avec casquette cuir, string cuir ou jeans, chaps, harnais sur la poitrine et même , pour faire plus vrai, portant des matraques dont, fort heureusement, ils ne se sont pas servi...

D'autres ne portaient qu'un jock strap, ouverts à toutes les éventualités.

Quand à moi, plus pratique encore, j'ai passé la nuit nu, ne gardant que les chaussures et les chaussettes. C'est la tenue idéale pour se livrer à toutes sortes d'activités intenses. J'ai joui quatre fois, ce qui me rapproche de mon record de six fois, mais j'avais alors trente six ans...

Un peu vaseux ce matin quand même...

samedi 15 avril 2006

Blanc

Toujours du taf dans cet appart. Aujourd'hui carrelages. Blancs. Bon c'est toujours blanc chez moi. Il n'y a aucune fantaisie, je vis dans du blanc. Tout ce blanc doit se faire oublier et laisser vivre les choses : les tableaux, les bibelots etc...

Renoir a été enterré en blanc. " Le noir n'est pas une couleur ", il n'en n'a pas voulu pour ses obsèques. Les reines de France portaient le deuil en blanc. Le blanc, ce n'est donc pas n'importe quoi. C'est plutôt une non couleur classe je trouve.

Dans mes envies de blanc, il y a celle là : mettre un jour le pied sur l'Antartique. Les glaces y sont parfois bleutées: c'est pas blanc cent pour cent. Des tas d'animaux vivent dans ces contrèes inhospitalières. Passer quelques heures à regarder ce monde étrange et revenir aussitôt ici, bien au chaud, voilà un de mes rêves.

Les rêves ont cela de bien, c'est qu'on finit toujours par les réaliser. Je rêvais de posséder un baromètre à roue, eh bien j'en ai un maintenant. Ce baromètre, c'était un rêve très raisonnable. Mais les rêves irraisonnables réussissent aussi très souvent . Faut essayer pour voir..

vendredi 14 avril 2006

Panélisation

ACNielsen m'a écrit. Ils me proposent de me panéliser. Cette mission, si vous l'acceptez, consiste à scanner tous les produits que vous rapportez chez vous, à l'aide du lecteur optique ACNielsen qui vous est remis gratuitement. Le lecteur relié à la prise de téléphone transmet toutes les semaines les informations.

En contrepartie vous obtenez des points cadeaux : voyages, micro-ondes, chaînes hifi, téléphone.... Et chaque mois une tombola qui permet de gagner jusqu'à 1000 euros en bons d'achat... La répartition des points cadeaux n'est pas précisée... C'est Brigitte Fournier qui signe tout cela...

Bon, à votre avis, c'est du lard ou du cochon? Qu'est-ce que je fais? Je me panélise ou pas?

jeudi 13 avril 2006

Muscles

Tout le monde me dit que j'ai maigri. Mais non. Je me suis pesé ce matin et c'est toujours du pareil au même. Seulement j'ai dû perdre un peu de graisses et faire un peu de muscles: ma silhouette en est peut-être légèrement modifiée...

Dans le cerveau, c'est pas des muscles: je suis tout vaseux aujourd'hui. Je vais me faire une journée routine pour décompresser un peu...

En l'Ile, temps couvert et plutôt frais...J'irai peut-être voir la mer et ses vagues aujourd'hui. En attendant je vais prendre un bon bain...Et ensuite, peut-être, pendre deux ou trois tableaux...

mercredi 12 avril 2006

Vide

Dans le chapitre de ce-qu'on-peut-faire-avec-son-corps, j'ai trouvé ça hier.

C'est le principe du vide: c'est sidéral... On rentre l'objet dans un tube et on aspire à l'aide d'une pompe. C'est transparent pour pouvoir assister à la transformation et ça procure sans doute des jouissances inattendues.

Je ne porte pas de jugement bien sûr : ceux qui ont envie de faire cela ont bien raison de le faire. Dans le fond, se mettre un percing, se scarifier ou se gonfler les couilles c'est au pareil au même.

Ce corps, dans lequel on passe tellement de temps, est l'objet de tous nos fantasmes et notre relation avec lui n'est jamais simple. J'ai choisi de l'aimer, de ne pas le transformer et de bien l'entretenir: alimentation frugale, exercice physique, sexualité régulière et comme seuls produits de beauté shampoing, savon, et dentifrice. Je me fais couper les cheveux de temps à autre quand je le trouve nécessaire. C'est tout.

Ah si, autre chose.. Je me rase parfois les couilles et là, effectivement, je rentre dans le secteur transformation et modification. Comme quoi !...

mardi 11 avril 2006

Sons

L'horloge resonne: il est huit heures. Elle a son timbre d'origine, c'est à dire que c'est un son tel qu'on l'entendait jadis.

Dans le chapitre des sons de jadis, j'ai des cylindres en cire pour grammophone. Et en particulier un cylindre d'Yvette Guilbert qui a été peinte par Toulouse Lautrec. Il faudrait l'écouter. Mais il est hélas en mauvais état. Les techniques d'aujourd'hui devraient permettre de le sauver. Ces cylindres ne pouvaient pas se reproduire en série, c'est à dire que lorsque ce cylindre a été enregistré, Yvette Guilbert était physiquement là et braillait de toute ses forces... L'invention du disque plat, qui se reproduit facilement par pressage, a balayé cette technique ancestrale...

La chaîne est rebranchée. C'est un vieil ampli tuner Harman Kardon, le top des années soixante, qui mène les sons. Là je poursuis l'écoute de l'intégrale de Mozart...

Une photo des débuts de mes travaux pour comparer avec celle publiée hier...

lundi 10 avril 2006

Nuit

Je redoutais cette première nuit en l'Ile... C'est la nuit, en effet qu'on apprécie le confort ou l'inconfort d'un lieu. J'avais des inquiétudes : la ventilation est bruyante dans les WC et la salle de bain, fenêtres à simple vitrage...

J'avais habité dans l'est au 12e étage d'un immeuble, et je n'avais pas supporté le bruit de fond de la ville qu'on entendait d'autant plus qu'on était en hauteur. Le ville murmure nuit et jour: c'est les voitures qui roulent, les industries qui fonctionnent, les trains qui passent.... Je n'étais resté en ce lieu que 9 mois.

Bon, ici ça va. La qualité du silence est bonne. Pas parfaite, mais un bruit de l'ordre de celui de ma niche en l'Est. Bref un bruit que je vais vite ne plus entendre: c'est certainement le bruit de fond que fait la mer, éternellement en mouvement. On verra si c'est plus intense à la prochaine tempête...

Voilà, toujours du boulot : je continue mon installation : j'espère avoir un évier et de l'eau pour ce midi.....

dimanche 9 avril 2006

Déménagement

Déménagement : ça veut dire que tu te déménas sans ménagement. Mon fils est venu m'aider. On a trouvé un truc : par la fenêtre avec une corde et des gants en cuir, sachant que la perte d'énergie potentielle pour des masses passant du quatrième au rez de chaussée se transforme en chaleur dans les mains qui freinent la corde...

Presque tout donc est passé par la fenêtre. J'ai fait des colis de linge que j'ai envoyé en chute libre et qui ont fait floc en touchant le sol. Le plus bruyant fut un tapis qui s'est écrasé par terre dans un bruit terrifiant. Dernier conseil, ne pas faire comme le tapis car, tombant du quatrième on explose en morceaux en touchant le sol.

Le réemménagement est en cours. Compter une bonne semaine, surtout que je n'ai pas terminé la pose de l'évier, de la plaque gaz, etc.... J'ai remis l'horloge en marche. Elle tic taque, mis ne sonne plus. Ces choses là, presque bi centenaires sont capricieuses avec l'âge...

Dans cet appartement j'ai plein de placards. J'ai donné mon armoire à mon fils. Elle est démontée et il n'aura aucune peine à l'installer chez lui. C'est une belle chose en merisier du début du 19e siècle.

Bref un dimanche de labeur.

Ce soir le repos du guerrier, j'espère...

samedi 8 avril 2006

Hum

L'appartement de l'Ile est très lumineux. Il va falloir que je m'habitue à cette lumière. Moi qui suis un mec de l'ombre, me voilà à voir tous les détails des choses qui m'entourent. Une sorte de revisite des objets familiers avec des couleurs ravivées. Mes tableaux, très colorés, sont jubilatoires dans cet éclairage intense.

Là, en ce moment, le soleil décline et m'envoie, presqu'à l'horizontale des rayons qui pénêtrent bien au fond de la pièce et viennent toucher l'écran de l'ordinateur. Je vais mettre des rideaux pour contrôler tout ça.

J'ai quelques coups de soleil en perspective....

vendredi 7 avril 2006

Courses

Une matinée à faire les courses. Leroy Merlin n'ouvre qu'à 9 heures. Trouver tout ce qu'on cherche prend du temps. J'ai appris que les évacuations de lave linge et de lave vaisselle n'ont pas le même diamêtre. Ben oui, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Aussi acheté un pare choc pour ma chiotte... Elle va être toute pimpante pour la visite technique...

Cassé. Mais bon... Encore une semaine à tenir...

jeudi 6 avril 2006

Transfert

Tranféré l'ordi en l'Ile. Il a fait son grognon, cette chose, mais il a bien voulu redémarrer. Pas facile de causer à cette bête là. C'est tout blocages, caprices et compagnie. La sale bête... Finalement j'ai eu accès à internet. Voilà une bonne chose de réglée. Je crains les rechutes. On verra.

Mes travaux en l'Ile continuent. Je suis naze de chez naze. L'occasion, avec la fatigue de faire des conneries... Sinon beau temps et cris d'enfants provenant de la garderie qui est juste à côté. Il y en a qui n'aiment pas. Moi, ça me plait: c'est des enfants et c'est bien qu'ils jouent....

mercredi 5 avril 2006

TGV

Le TGV dans un moment... A peine un frisson à 300 km/h. Ca dure une heure. Ensuite ça se poursuit à 200 km/h jusqu'à Bordeaux. Traversée de la Garonne sur le pont Eiffel. Puis c'est les Landes rectilignes et au bout des Landes, la mer.

Ces voyages sont des moments silencieux : il est rare que les gens se causent. Quelquefois des enfants jouent et de bébés pleurent. Le train est souvent plein: c'est une affaire qui roule.

J'ai voyagé une fois à quelques sièges du maire de Paris qui partait se reposer à la suite du coup de couteau qu'il venait de recevoir.

Je vois parfois, au passage, la statue de l'île de Pâques, grandeur nature, que quelqu'un a édifié près de sa maison à la campagne, ou bien le phare breton avec son gigantesque drapeau qui flotte à l'entrée de Paris. Il y a de beaux châteaux à partir de Poitiers...

La France est souvent belle vue du train. Ses paysages enchantent...

mardi 4 avril 2006

Essentiel

Levé tôt. L. avait mis le réveil hier et j'ai oublié de l'arrêter. Ce n'est rien. Avoir plus de temps c'est très bien. Je n'ai plus de café: petit déjeuner au thé...

Des petits détails que je ne gère plus très bien. Il est temps que s'arrête cette période de travaux. C'est presque terminé. Mon fils vient m'aider en fin de semaine et je déménage. Il n'y a pas trop de choses à déplacer là bas.

Par contre ici, j'ai maintenant l'impression que c'est trop.J'ai chiné pendant des années, et j'aime toujours le faire. Des tas d'objets me parlent, me racontent leurs histoires, ont de l'intérêt. J'en ai acheté quelques uns. Ils m'encombrent maintenant....

Je comprends de plus en plus les gens qui vivent dans des décors dépouillés, minimalistes. Le peu et le rien ont leur beauté, leur légitimité et leur sérénité. Aller à l'essentiel... Mais c'est quoi l'essentiel ?

lundi 3 avril 2006

Lassitude

Un peu déprimé. Je fais des petites conneries. Il est temps que j'arrête. Mais bon, le soleil est là, ça va s'arranger...

Tenir un blog dans la durée n'est pas une mince affaire. Ce n'est pas les sujets qui manquent, mais est-ce bien utile de s'épancher ainsi pour quelques lecteurs ? Je me pose cette question, comme m'arrivent de manière cyclique les grandes questions existentielles qui ne trouvent jamais de réponse : on nait, on s'occupe tant bien que mal, on disparaît. Ce schéma est terrifiant et vertigineux...

Que fait-on ici bas ?

Il y en a qui répondent "on prépare la suite". Ils sont contents. Quelques prosternations, quelques prières, quelques rituels et ils sont sûr d'une vie éternelle tranquille et joyeuse. Quel marchandage!

Je préfère mes doutes et mes incertitudes qui m'entraînent au bord du vide sidéral. Je ressens parfois cette chute presqu'imminente dans un néant absolu, et je me dis que finalement ça sera très bien. Disparaître définitivement c'est aussi bon que de rester une éternité entière dans un paradis. D'autant que l'on prévoit la résurrection des corps, dont certains sont très dispersés : "Rend moi mon coeur qu'on t'a greffé, rend moi mes reins..." Que de chamailleries en perspective...!

Bon. Je vais penser à autre chose....

Je serai peut-être, après demain, sans internet pendant quelques jours. Le temps des transferts d'abonnement. L'occasion d'une petite pause dans ce blog. Je vais me ressourcer, et puis, je reprendrai tranquillement mes posts. Je n'ai pas encore terminé ma description méthodique du vide. Il y a tant de choses à dire sur les petits riens....

dimanche 2 avril 2006

Cassé

Un peu en dessous de zéro là ce matin... La fatigue ressort. Pas évident toute cette activité, ces voyages.. Je m'allonge, je m'endors... Je termine l'appart de l'Ile vendredi ou samedi et j'aurai déménagé dimanche prochain.. Si tout suit mes prévisions...

Bon cet après midi repos...Devant la télé avec L et la sieste en rêvant des siestes au bord de la mer...

samedi 1 avril 2006

Avril 2000

Il y a six ans: "Le dimanche il a fait beau, et même très beau, quoiqu’un peu froid. Mais l’habitude de vivre enfermé acquise tout au long de l'hiver nous a fait rester bien sagement dans l'appartement toute la matinée. J’ai cuisiné une petite terrine avec des andouillettes au riesling qui s’est révélée être délicieuse quand elle fut cuite.

Nous avons mis le nez dehors l'après midi pour nous rendre au sauna, tout en nous disant que ce serait le dernier dimanche à sauna avant l’automne.

Il n’y avait pas grand monde et parmi les piliers seul H. et son copain, curieusement coiffé à la Himmler avec le haut de la tête à peine recouvert de cheveux et le reste rasé, étaient là. La mode devenait ridicule et je lui ai dit à qui il me faisait penser. Je ne sais pas si ces remarques lui firent plaisir ou le peinèrent: il ne manifesta aucun sentiment.

Comme L. et moi, ils ont passé leur après midi chacun de son côté, mais avec plus de succès que nous car ils sont plus jeunes. L. ne s’est pas départi de sa timidité et de sa méfiance vis à vis de tout ce qu’on peut ramasser ici et est resté dans son coin, comme toujours, à tirer sur ses cigarettes. Je n’ai pas eu plus de succès, mais étant donnée ma barbe, blanche de surcroît, ce qui ne me rajeunit pas, quoi de plus naturel.

Il était sept heures quand nous sommes rentrés. Le temps de manger des petits fromages de chèvre grillés au four sur une tranche de pain. En dessert j’ai fait des bananes cuites dans du caramel de miel et flambées au rhum , pour obtenir quelque chose de délicieux.

Mes talents culinaires me font me fâcher quand je vais dans des restaurants et que la cuisine est médiocre et sans intention. Rien n’est plus facile que de rajouter un petit détail, un petit plus qui change l’allure et le goût d’un plat. C’est ainsi que j’en ai eu marre de la R. et de son demi poulet sans goût. Nous sommes toujours à la recherche du maître qui nous fera jubiler devant ses assiettes pour un prix raisonnable. Je me suis souvenu à cet égard de notre arrêt dans un routier en Normandie où nous avons dégusté l’un des steaks des plus incroyablement bon de toute notre vie.

Après ce bon repas du dimanche soir, L. était ravi, mais pas au point d’être sexuel. Il accomplit néanmoins son devoir conjugal ce qui ne me plut pas des masses. Je suis toujours à la recherche du petit gars qui en veut et qui fait ces choses là dans un total plaisir.

Nous avons regardé ensuite l’impayable « Arsenic et vieilles dentelles » que je n’avais pas encore vu, mais dont j’avais si souvent entendu parler. Aussitôt après je m’endormis, mal toutefois, car mon torticoli n’était pas encore terminé"

Nazi

Repas hier soir avec N.

Elle vit ses derniers moments de travail et commence peut-être une déprime sérieuse, comme ce fut mon cas il y a quatre ans dans les mêmes circonstances.

" Je me sens devant un grand trou noir..."

C'est ainsi que je ressentais les choses. Plus aucune visibilité, sauf qu'on se lève un beau matin et qu'on a une grande journée vide devant soi : le vide sidéral....

En se quittant, elle m'a donné un livre qui vient d'une de ses tantes décédée depuis belle lurette. Celle-ci était pro nazie pendant la guerre et elle m'a dit qu'elle en avait honte. Je lui ai répondu qu'on ne sait pas qu'elle aurait été notre attitude à l'époque dans les mêmes circonstances et qu'il fallait s'abtenir de juger. C'est pour moi un grand mystère : quelle aurait été mon comportement pendant la guerre ? Couard, résistant, résigné, collabo ? Je ne le saurai jamais, mais c'est une question qui m'a taraudé pendant des années.

Les alsaciens, eux, ont été tiraillés entre l'Allemagne et la France et ce poids de l'histoire se fait toujours sentir ici, de nos jours...

Le livre en question est un livre de propagande nazi de 1941, " Bei Uns In Deutschland". C'est un extraordinaire document avec de nombreuses photographies, dont j'ai extrait celle-ci montrant le bureau de Hitler à la nouvelle chancellerie du Reich. Une pièce démesurée souvent citée dans tout ce que j'ai pu lire sur l'époque, mais que je n'avais jamais vue avant de recevoir ce livre.