lundi 4 avril 2011

Les provincieux....

Je suis toujours estomaqué de la position de l'église catholique sur le Sidaction, exprimée par la voix de Mgr Aillet évêque de Bayonnne, Lescar et Oloron.
Première partie compassionnelle :"Comment être contre ce formidable élan de générosité qui permet de venir en aide à tant de malades ? Le Sidaction permet, entre autres, de financer la recherche sur le sida et d’offrir des trithérapies aux personnes atteintes du VIH dans les pays en voie de développement."
Deuxième partie jésuitique : "Si les dons pouvaient être « fléchés », je donnerais au Sidaction, car j’aurais la garantie qu’il ne sert pas à autre chose."
Troisième partie doctrinale : "Je ne suis pas contre le Sidaction, je suis contre la pensée unique selon laquelle le préservatif serait la principale solution à la lutte contre cette maladie mortelle. Pourquoi le Sidaction ne parle-t-il pas de la fidélité comme du meilleur moyen de lutter contre ce fléau ? Pourquoi ne fait-il pas la promotion d’une éducation des jeunes à une sexualité responsable ?"

J'en retiens que si les dons étaient "fléchés" son éminence donnerait pour le Sidaction. Il va me falloir maintenant savoir ce qu'est un don "fléché".
Je consulte donc un grand décrypteur de la pensée jésuitique et retournant aux sources je me plonge dans les lettres provinciales écrites par Pascal au 17e siècle..

La septième lettre du 25 avril 1656, qui traite de "l'intention", me fournit une piste: " quand nous ne pouvons pas empêcher l'action, nous purifions au moins l'intention et ainsi nous corrigeons le vice du moyen par la pureté de la fin".


En fait l'église catholique a le Sidaction en horreur, mais ne peut pas le dire tout de go, ce qui heurterait l'opinion, et ce qui serait en plus pécher car, comme le note Pascal plus haut dans la 7e lettre , " celui qui veut se venger attirera sur lui la vengeance de Dieu":

Comme nos bon prélats ne peuvent pas empêcher le Sidaction, ne pouvant pas, en plus, rendre le mal pour le mal, ils nous disent donc qu'ils aimeraient donner, mais, grâce à la méthode de direction de l'intention ils ne donneront pas, car, suprême subtilité, les dons ne sont pas "fléchés"...

En fait, j'en arrive à la conclusion que ce mot "fléché" accolé à celui de "don" ne veut strictement rien dire. D'ailleurs, pour preuve, le denier du Culte n'est pas "fléché" non plus. Ce mot est là juste pour servir la méthode de direction de l'intention que Pascal nous a si bien décryptée en 1656 déjà. Merci Blaise....

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire