Tristesse aux Emmas ce matin: Hervé est mort. Ça faisait une trentaine d'années qu'il était le responsable du rayon vaisselle. Nous sommes arrivés aux Emmas presque en même temps, l'un et l'autre, chacun d'un côté du comptoir. Il a toujours été très maigre, mais à la fin je me demandais comment cet empilage pouvait encore tenir debout, et puis il a disparu il y a trois ou quatre semaines pour ne jamais réapparaître. Je ne saurai jamais rien d'Hervé qui est désormais une figure légendaire des Emmas.
J'avais écrit ceci le 6 novembre 2010
"
Ce lion me nargue. Je le regarde sous toutes les coutures, H. me réassène un "c'est vendu", mais je continue de l'inspecter. Il ne porte pas de signature. Pas un seul éclat, il est parfait. Un professionnel passe et me dit que ça pourrait être un travail de Sabino qui ne signait pas toujours. Sabino ou pas, je gère bien mes frustrations: ce lion n'est pas à moi. J'aurais bien aimé l'avoir et le poser dans un coin du Sanctuaire où il aurait entamé une vie de calme et de repos et je l'aurais sans doute montré à P., amateur de belles choses, mais un chineur doit gérer la foultitude de trouvailles qu'il n'aura jamais et que d'autres ont eu la chance de glaner avant lui. Il y a des années, parti en chasse à l'objet, il fallait que je rentre toujours avec quelque chose. Maintenant je reviens bien souvent sans rien, j'ai réussi à me soigner....
Passage dans d'autres salles. Deux belles chaises, une belle armoire. Je n'ai plus de place pour des meubles... Je rentre. La piste cyclable longe la rivière: des cygnes, des canards et un cormoran à l'affût..."
Etonnante douceur ce samedi matin. Je
suis allé aux Emmas en vélo. Pas grand chose à se mettre sous la dent.
Un chanceux a cependant déniché un beau lion en verre, soclé sur un
petit marbre noir. "C'est vendu" m'assène sèchement H qui tient le stand
" vaisselles en tout genre" depuis des années et des années. Le fauve
translucide est là, à attendre que son nouveau propriétaire vienne le
chercher, posé sur la banque. Un bien bel objet, rare, car de nos jours
on ne trouve plus de merveilles chez H., mais y en a-t-il jamais eu? Si,
une fois, un cendrier en pâte de verre avec une grenouille de Walter,
un sommet de la verrerie.Ce lion me nargue. Je le regarde sous toutes les coutures, H. me réassène un "c'est vendu", mais je continue de l'inspecter. Il ne porte pas de signature. Pas un seul éclat, il est parfait. Un professionnel passe et me dit que ça pourrait être un travail de Sabino qui ne signait pas toujours. Sabino ou pas, je gère bien mes frustrations: ce lion n'est pas à moi. J'aurais bien aimé l'avoir et le poser dans un coin du Sanctuaire où il aurait entamé une vie de calme et de repos et je l'aurais sans doute montré à P., amateur de belles choses, mais un chineur doit gérer la foultitude de trouvailles qu'il n'aura jamais et que d'autres ont eu la chance de glaner avant lui. Il y a des années, parti en chasse à l'objet, il fallait que je rentre toujours avec quelque chose. Maintenant je reviens bien souvent sans rien, j'ai réussi à me soigner....
Passage dans d'autres salles. Deux belles chaises, une belle armoire. Je n'ai plus de place pour des meubles... Je rentre. La piste cyclable longe la rivière: des cygnes, des canards et un cormoran à l'affût..."
Photo DNA
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