dimanche 16 décembre 2018

De la machine..

J'ai terminé mon stage avec cette machine.

Il me restera en souvenir les trois points tatoués qui permettaient  aux opérateurs de me positionner de manière très précise par rapport à des rayons laser, position encore affinée au millimètre, après un scanner exécuté en début de chaque séance, par de petits déplacements de la table sur laquelle j'étais allongé, le slip à moitié baissé. Ensuite la zone à  traiter était irradiée par un immense bras piloté par ordinateur qui faisait une rotation complète autour de moi. Une dose de deux grays.
Durée totale environ 10 minutes sans bouger, seul dans la salle.
Le centre, doté de trois machines de ce type, se trouve au sein d'un hôpital catholique. J'aurais préféré aller dans le système public, mais à partir du moment où j'ai choisi complètement au hasard mon urologue, celui-ci m'a orienté vers les gens qu'il m'a présenté comme les meilleurs.
Les soins étaient tout à fait à la hauteur et dispensés avec beaucoup de gentillesse.
J'ai  eu droit au début du traitement, ( tout comme  P. qui a aussi été hospitalisé dans cet hôpital ) à un petit entretien sur les différents soutiens psy que je pouvais demander, lequel entretien a rapidement débouché sur  mes relations avec la transcendance. J'ai bien entendu dit à la dame que je n'étais pas croyant tandis qu'elle essayait de me démontrer toute la force que lui donnait sa foi. Nous avons ainsi discuté gentiment  une bonne dizaine de minutes dans le respect total l'un de l'autre.

Les trois machines tournent du matin au soir, ce qui donne un petit côté industriel au centre, avec les arrivées, les attentes des patients, les sorties, les rotations des Véhicules Sanitaires  Légers, les consultations, les secrétaires, les plannings détaillés que chacun reçoit, les retards, les pannes de machines parfois, engins très sophistiqués.

Notre système de santé, en plus de ce traitement de pointe, m'a offert le transport pour aller et revenir de mes soins. 20 à 25 minutes de trajet en ce qui me concerne. J'ai discuté avec un patient qui venait de plus de 100 km ce qui lui prenait au moins trois heures en tout et ceci pendant 38 fois successives...

Mes chauffeurs étaient tous maghrébins, comme pratiquement tous les chauffeurs de taxis sur Strasbourg. Brillants conducteurs, connaissant particulièrement la ville, très habiles à prendre des petites rues pour éviter les bouchons, nous avons causé de choses et d'autres pendant les trajets. L'un d'entre-eux était doté d'une belle culture et un autre d'une extraordinaire mémoire. Au moment de l'attentat j'ai remarqué qu'ils étaient un peu tendus, mais nous avons soigneusement évité le sujet.

Voilà  quelques mots  sur un mois et demi de ma vie. J'ai ressenti peu d'effets secondaires mais je me suis quand-même  mis au riz. Peut-être un peu fatigué aussi...

Je voudrais terminer en disant que j'apprécie toute la chance que j'ai de vivre ici en  France et de recevoir gratuitement tous ces soins de haute qualité grâce à un système de santé que beaucoup nous envient.  Si quelques-uns se demandent où passe l'argent, il est là en particulier...


1 commentaire:

  1. Mec ! Cela t'arrive d'envisager la vie et ton pays de manière positive ! Bravo ! Surtout dans l'épreuve que tu traverses actuellement. C'est à croire -- mais j'en ai fait l'expérience -- que les coups durs nous rendent plus forts, plus reconnaissants de vivre dans le confort moral et économique dont nous disposons.

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