J'irai défiler dimanche 27 à Paris pour l'égalité des droits. Le mariage pour tous, je le veux. Maxivirus, pour ne citer que lui, explique très bien qu'il faut marcher contre ceux qui, "pour
la première fois dans l'histoire de notre pays et probablement aussi de
celle de notre civilisation, sont descendus dans la rue pour
refuser à d'autres le droit à l'égalité." Il s'interroge : "Comment
ne pas avoir envie de vomir de la fierté arborée par ceux qui sont
descendus dans la rue pour montrer du doigt ceux qui ne sont pas assez
bien pour avoir les mêmes droits qu'eux ?", et il note qu' il n'y a parfois aucune distance entre la bienpensance et l'étoile jaune ou le triangle rose comme notre histoire l'a montré : "alors
quand on a une histoire comme la mienne, comment ne pas comparer ces
slogans odieux que l'on a pu lire et entendre, fustigeant les homos
juste parce qu'ils sont homos, à ceux de la propagande nazi fustigeant
des juifs juste parce qu'ils étaient juifs ?" Combien de pétainistes en France début de 1944? Presque 100% de la population! On peut vomir, en effet.....
Ce n'est pas de voir le ratatiné évêque de Toulon célébrant un requiem pour Louis XVI qui va nous rassurer. Les nostalgiques des temps anciens, où une petite partie de la population, de droit héréditaire et bénie par Dieu, s'appropriait toutes les richesses et tous les pouvoirs, sont encore influents, relayés et soutenus par les vichystes de tout poil, noyés dans l’extrême droite, immergée dans le catholicisme résistant, inclus dans le catholicisme ordinaire, celui des braves gens dont les évêques ont appelé en masse à manifester "pour refuser à d'autres le droit à l'égalité".
Oui marchons dimanche, il le faut. Entre le catholicisme ratatiné et le port du triangle rose il n'y a guère plus que l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Le triangle rose ! J'ai bien envie de le porter, dimanche.
En mémoire, entre autres, de Pierre Seel et de son ami Jo " « Un jour, les haut-parleurs nous convoquèrent séance tenante sur la place de l'appel. (…) Il s'agissait en fait d'une épreuve autrement plus pénible, d'une condamnation à mort. Au centre du carré que nous formions, on amena, encadré par deux SS, un jeune homme. Horrifié, je reconnus Jo, mon tendre ami de dix-huit ans. (…) Puis les haut-parleurs diffusèrent une bruyante musique classique tandis que les SS le mettaient à nu. Puis ils lui enfoncèrent violemment sur la tête un seau en fer blanc. Ils lâchèrent sur lui les féroces chiens de garde du camp, des bergers allemands qui le mordirent d'abord au bas-ventre et aux cuisses avant de le dévorer sous nos yeux. Ses hurlements de douleur étaient amplifiés et distordus par le seau sous lequel sa tête demeurait prise. Raide et chancelant, les yeux écarquillés par tant d'horreur, des larmes coulant sur mes joues, je priai ardemment pour qu'il perde très vite connaissance. (…) Depuis, il m'arrive encore souvent de me réveiller la nuit en hurlant. Depuis plus de cinquante ans, cette scène repasse inlassablement devant mes yeux. Je n'oublierai jamais cet assassinat barbare de mon amour. Sous mes yeux, sous nos yeux. Car nous fûmes des centaines à être témoins. Pourquoi tous se taisaient-ils aujourd'hui ? Sont-ils donc tous morts ? (…) Mais je pense que certains préfèrent se taire pour toujours, redoutant de réveiller d'atroces souvenirs comme celui-ci parmi tant d'autres. Quant à moi, après des dizaines d'années de silence, j'ai décidé de parler, de témoigner, d'accuser. »
En mémoire, entre autres, de Pierre Seel et de son ami Jo " « Un jour, les haut-parleurs nous convoquèrent séance tenante sur la place de l'appel. (…) Il s'agissait en fait d'une épreuve autrement plus pénible, d'une condamnation à mort. Au centre du carré que nous formions, on amena, encadré par deux SS, un jeune homme. Horrifié, je reconnus Jo, mon tendre ami de dix-huit ans. (…) Puis les haut-parleurs diffusèrent une bruyante musique classique tandis que les SS le mettaient à nu. Puis ils lui enfoncèrent violemment sur la tête un seau en fer blanc. Ils lâchèrent sur lui les féroces chiens de garde du camp, des bergers allemands qui le mordirent d'abord au bas-ventre et aux cuisses avant de le dévorer sous nos yeux. Ses hurlements de douleur étaient amplifiés et distordus par le seau sous lequel sa tête demeurait prise. Raide et chancelant, les yeux écarquillés par tant d'horreur, des larmes coulant sur mes joues, je priai ardemment pour qu'il perde très vite connaissance. (…) Depuis, il m'arrive encore souvent de me réveiller la nuit en hurlant. Depuis plus de cinquante ans, cette scène repasse inlassablement devant mes yeux. Je n'oublierai jamais cet assassinat barbare de mon amour. Sous mes yeux, sous nos yeux. Car nous fûmes des centaines à être témoins. Pourquoi tous se taisaient-ils aujourd'hui ? Sont-ils donc tous morts ? (…) Mais je pense que certains préfèrent se taire pour toujours, redoutant de réveiller d'atroces souvenirs comme celui-ci parmi tant d'autres. Quant à moi, après des dizaines d'années de silence, j'ai décidé de parler, de témoigner, d'accuser. »
j'avais déjà lu cet extrait du livre de pierre seel
RépondreSupprimerça me glace le sang à chaque fois...
Merci d'attirer notre attention sur ce texte de Maxivirus.
RépondreSupprimerau delà même de l'effroi que produit ce témoignage, la douleur qu'il répercute vient aussi du silence qui l'entoure. le secret ou l'opprobre pour sa vie d'avant la déportation, et même chose pour sa vie après. il est notre passé, notre histoire. nos coming out paraissent plutôt dérisoires à côté de cette vie là, mais c'est aussi une manière de rendre hommage à toutes ces souffrances qui nous précèdent. pour lui et tous ceux qui n'ont jamais pris la parole, c'est important demain de dire qu'on existe et qu'on fait réellement partie du paysage.
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