jeudi 6 novembre 2014

Moments...

La queue hier matin aux Emmas. Il venait juste d'arrêter de pleuvoir. J'entends deux personnes discuter en basque devant moi et comme l'un des deux, coiffé d'un béret, a la tête parfaite du vieux basque, je lui dis que je lui trouve une très belle tête de basque. Il me répond qu'il n'était pas en train de parler le basque mais le gascon qu'il déclasse aussitôt en "patois landais" pour que je comprenne bien de quoi il s'agit. Il précise que c’est proche de l'espagnol parce qu'il comprend pratiquement tout quand il va à San Sebastian.
Le gascon. C'est la première fois que j'entends parler cette langue. Je fais remarquer qu'ils ne doivent plus être beaucoup de locuteurs. 
Comme pour se justifier il nous raconte dans la foulée qu'il est né cet endroit, dans la ferme qu'on peut voir un peu plus loin, et que le gascon se parlait jusqu'à Anglet. Il poursuit et raconte les 400 chevaux qu'il y avait là  pendant la dernière guerre au Château rouge où se trouve maintenant Emmaüs.
Il nous raconte les allemands, leur énorme chef qui crevait son cheval. Il nous raconte les vignes plantées là en cépage noah qui a été interdit parce qu'il "rendait fous les vieux" ...
Un cercle s'était formé autour de lui. Fascinant à entendre. Le bel accent du sud-ouest, une voix qui vous enveloppe et un conteur inépuisable..  Magnifique.

Brefs instants.  La porte s'ouvre, on rentre..... Fin de ce moment magique...

Au retour je suis passé à Bayonne voir les Bascos dans leur nouveau local  Txalaparta. Ils font un magnifique travail auquel j'étais associé il y a quelques années. Quand je suis arrivé ils étaient en train de préparer un flyer en direction des lycéens pour les amener à plus de tolérance et surtout pour aider certains jeunes à s'accepter tels qu'ils sont s'ils se découvrent homosexuels.  Beaucoup d'adolescents se suicident au moment de cette phase critique, car les intolérances familiales, sociales, religieuses n'aident pas l'ado à faire le difficile travail de maturation qui lui permettra de vivre sa vraie vie. On est tous passé par là. J'avais repoussé la résolution du problème à plus tard. Il a fini par me rattraper un peu après la trentaine....
Ce fut un moment de cordialité. Des nouvelles têtes, des anciennes toujours fidèles, des regards, des sourires, des bribes de conversation,  de l'humour... Merci pour ce moment....

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