Immense sujet. Par exemple...
"De mon promontoire je
revis le paysage familier du golfe de Biscaye qu’on pouvait
contempler de cet endroit d’un seul regard : la plage
centrale de Bidart, Guéthary et la façade blanche de son ancien
casino, Saint Jean de Luz et le reflet argenté de ses falaises de
flysch, Hendaye déjà dans le lointain et qu’on devinait à peine,
Fontarabie et la ligne blanche ténue de ses immeubles de front de
mer, l’altier Jaïzkibel et au loin la fragile courbe des
montagnes cantabriques qui s’enfonçaient vers l’ouest et
finissaient par disparaître dans l’océan. Je me suis assis sur un
petit banc en béton et je suis resté très longtemps, face aux
grains qui venaient de temps à autre me battre le visage, à
regarder les stries ondulantes que faisait la houle à la surface de
l’eau. Ce mouvement était régulier et inépuisable.
Le ciel se
reflétait dans l’océan et l’avait coloré de chagrin, d’un
immonde vert gris foncé, mais les odeurs qui me parvenaient,
apportée par le vent, sentaient bon les algues, la fraîcheur, les
plaisirs de mon enfance, quand, petit garçon j’allais à la pèche
aux crabes, avec ma petite épuisette et mon petit seau, dans les
rochers et les flaques d’eau à marée basse.
Je me suis ressourcé
dans les embruns, dans cette force des vagues quand elles semblent
drainer toutes les énergies créatrices du monde par les mouvements
combinés des marées et de la houle. La vie me revenait de la mer.
Le soir tombait
lentement. Je restais assis sur mon banc.
J’avais vécu une semaine
sans nom et je méritais bien cette pose. J’étais seul, bien seul,
face à l’océan, mais au moins il s’agitait, roulait, râlait,
grondait, me parlait. Les nuages s’effaçaient pour me laisser voir
les derniers éclats du soleil, colorant du même coup toute une
partie des immensités océaniques. Les rayons dorés allaient
peindre les murs blancs d’Itxasoan ancien hôtel de Guéthary,
faisaient un clin d’œil depuis le fort de Socoa qu’on pouvait
maintenant deviner au loin depuis qu’un rai venait de l’éclairer
et s'était ensuite perdu là bas sur les hauteurs des Trois Couronnes.
Le vent emmenait les
nuages, refermait cette trouée céleste et noircissait d’un coup
ce bas monde qui frissonnait sous les froideurs de la pluie
cinglante. Les fougères et les ajoncs, qui avaient poussé sur
toute la face osée de la falaise qui luttait depuis tant de siècles
contre les harcèlements de la mer, tremblaient tout d’un coup sous
les bourrasques. Le soir brusquement devenait sinistre, effrayant et
laissait deviner une nuit terrible, faite de rafales de vent, de
pluies incessantes, d’assauts répétés des vagues,
d’incertitudes, de malaises et d’angoisses.
Mais l’instant
d’après le soleil, plus bas sur l’horizon, faisait une
réapparition éclatante, allait appliquer des touches vives sur les
maisons de Bidart et rendre un bel hommage à la Madeleine en
l'embrassant en sa chapelle.
Ce n’était plus alors que promesses
d’un lendemain de douceur où les passages nuageux tempéreraient
l’ardeur solaire pendant qu’un vent tranquille viendrait faire
onduler la végétation sauvage qui tapissait le bord de mer.
L’océan me
parlait, m’envoyait les premiers cris de joie des hardis
navigateurs qui découvraient une terre nouvelle, les derniers
messages des marins naufragés, les fatigues des rameurs des
traînières harassés par leurs efforts, les inquiétudes des
mousses à leur premier voyage, la joie des pécheurs basques après
un harponnage de baleine…
J’imaginais de
l’autre côté de l’immense étendue marine, les villes
d’Amérique, juste en face de moi dans la direction de l’ouest.
Le soleil, qui se couchait ici, était glorieux là bas. De l’autre
côté de la terre, dans la mer de Chine c’était au contraire la
nuit, mais le jour allait bientôt s’y lever. J’attendais avec
impatience un message de ces pays lointains.
J’ai scruté les
flots et j’ai cru apercevoir un point blanc vers l’horizon.
Qu’était-ce ? Mais la nuit est rapidement tombée : je
l’ai perdu de vue. Je suis resté sur mon banc tandis que la brise
se calmait. Au pied de la falaise la mer chantait toujours son
immuable opéra. Le vent finit par tomber complètement et sur la
voûte du ciel je pus voir par intermittence le premier quartier de
la lune au milieu des étoiles quand les nuages me faisaient la grâce
de s’écarter un peu.
Ce qui m’a manqué
à ce moment là ce sont les quatre rayons du phare de Biarritz qui
découpaient chaque nuit le ciel en quartiers dans leur rotation
régulière et les scintillements des lumières de la côte qui
traçaient la ligne qui séparait la terre de la mer: le monde
n’était plus, et je n’étais plus guère…Mais l’océan et
ses espérances était toujours là...."
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j'adore les vagues sur l'océan !
RépondreSupprimerComme la châtaigne, j'adore les vagues qui déferlent !
RépondreSupprimerEt une 3ème ....
RépondreSupprimerbelle photo ... presque un tableau !
RépondreSupprimerTout y est pour faire une belle photo de l'océan .....J'aime .
RépondreSupprimerbelle photo bien contrastée
RépondreSupprimerAutant que ta photo (si pas plus), j'ai aimé te lire et sur ce sujet mais aussi sur ton excellent billet sur "le pape" ;)
RépondreSupprimerphoto magnifique !
RépondreSupprimerUn océan sans vagues ne serait pas réellement un océan !!!! magnifique photo, j'adore !
RépondreSupprimerTrès beau texte, et magnifique photo pour l'accompagner :)
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