lundi 14 février 2022

Gine

 Un autre personnage de "l'histoire de la famille", deuxième partie de "1983" :

"...Gine travaillait comme moi à la Compagnie des Trolleys. C’était une belle et grande femme discrète peut-être parce que timide et, si Elie était toute en rondeurs prometteuses, Gine était plutôt masculine avec des hanches étroites et des petites fesses. Mon divorce en cours était connu de tous et alimentait certainement quelques conversations, surtout dans le  milieu fermé de la Compagnie où les plus petits incidents de terrain étaient gonflés jusqu’à prendre la taille des montagnes, faute de vraies montagnes qui auraient imposé un silence admiratif, et Gine, au lieu de s’alimenter à travers les ragots, m’avait franchement posé la question de ma situation il y avait quelques temps déjà. 
J’avais aimé son approche directe et je lui avais répondu sans détour. De là il s’en était suivi une étonnante relation amicale : nous nous retrouvions de temps à autre pour parler très objectivement et très librement. C’est ainsi qu’elle était au courant des derniers soubresauts de mon divorce, de mon aventure avec Elie et que je lui avais même annoncé que j’allais me rendre chez Fred pour passer une nuit avec lui. Elle fut un peu surprise, mais surtout curieuse, du tour que prenait ma vie, et après quelques instants d'étonnement elle me supplia de lui rapporter comment les choses se passeraient. 
Dès que nous eûmes l’occasion de nous revoir discrètement, comme nous le faisions toujours pour qu’aucune oreille mal intentionnée ne vienne galvauder et ensuite répandre les propos très libres que nous échangions, je lui ai raconté la soirée et la journée avec Fred. Elle me demanda des précisions et par une sorte de perversion je suis entré de plus en plus loin dans le récit de ce qui s’était passé entre nous. Plus je décrivais, plus je sentais qu‘elle attendait que j’ajoute encore plus de détails et, me prenant au jeu, comme le suppliait son regard, j’ai fini par faire un compte-rendu pornographique de ma rencontre avec Fred. 
Ce qui devait arriver arriva : nous sommes parvenus dans un tel état d’excitation qu’il fallut bien que quelque chose se passât. Je ne sais plus qui d’elle ou moi a esquissé le premier geste, mais ce fut quasi instantané, libératoire, évident. Elle avait mouillé comme une fontaine, je bandais comme une bête,  nous avons baisé comme des sauvages. 
Quand nous sommes redescendus sur la terre, ses yeux étaient plein de tendresse et les miens plein de bonheur. Nous avons encore passé quelques temps à nous caresser, à explorer nos corps, ce qui n’avait pas été fait suffisamment auparavant. Elle avait des petits seins tout arrondis et chauds. Mais il était temps de reprendre une attitude plus décente. La coupure de midi s’achevait et nos collègues n’allaient pas tarder à revenir. Nous mîmes de l’ordre dans notre tenue et sur le bureau de Gine et je suis sorti, la laissant seule."

Porte de l'église de la Madeleine à Paris

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