L. est entré en période de doute, d'autant qu'il a eu trois décès de proches la semaine dernière et en si peu de jours, ça fait beaucoup. Il arrive aussi à un âge où s'impose la question de savoir ce qu'on est venu foutre sur terre tandis qu'on découvre en même temps qu'il n'y a pas de réponse évidente, et si j'ajoute à cela qu'il a arrêté de fumer il y a trois mois et qu'il a pris 6 kilos, personne ne s'étonnera que samedi je l'ai trouvé un peu décomposé.
J'avais passé cinq ans sur cette question existentielle, à un âge plus précoce, entre mes 25 et mes 30 ans et au bout du compte j'étais arrivé à "la réponse qu'il n'y avait pas de réponse", ce que j'ai noté en marge tant cette conclusion m'a semblé importante, et j'ai décidé de continuer de vivre sans trop essayer de savoir pourquoi avec pour seule contrainte de pouvoir me regarder chaque matin dans une glace. Les donneurs de réponses, aussi stupides les unes que les autres, en gros les religions, m'ont alors laissé de marbre, ce qui m'a permis de les observer de l'extérieur. Ce n'est pas terrible ce qu'on voit...
Ce fut aussi la période ou j'ai réinventé ma morale sexuelle, où mon homosexualité a pu refaire surface après la tentative d'enfouissement des alentours de la vingtaine qui m'a quand même permis d'avoir deux enfants que j'adore... C'est la période du "vis ta vie, il y a du bonheur partout".
Il reste " le vide sidéral est sidérant". J'ai passé tout un hiver il y a fort longtemps à lire deux gros volumes d'astronomie, un ouvrage fort complet mais néanmoins de relative vulgarisation, rempli d'équations diverses et variées et de considérations plus qu’intéressantes sur la démarche scientifique depuis la nuit des temps jusqu'à la mise en orbite des derniers satellites de l'époque, sur les quantités et les éloignement des galaxies diverses et variées, sur la vitesse d'expansion de l'univers, etc..., ce qui m'a donné le sens de mon insignifiance et de la relativité des choses, minuscule habitant de cette terre, cette espèce de vaisseau fantôme naviguant dans un vide quasi absolu et d'une immensité inimaginable. C'est une notion qu'il ne faut jamais oublier: la terre pourrait bien exploser, notre vie disparaître à la suite d'un immense conflit nucléaire que personne, absolument personne ne le saurait, même s'il existe de la vie ailleurs qu'ici....
Même fort de ma philosophie condensée en trois apophtegmes, je me suis bien gardé d'intervenir dans le débat que L. a entrepris avec lui-même. Je l'ai juste écouté raconter sa semaine, évoquer ses dernières rencontres avec un ancien collègue qui venait de mourir assez brusquement et qu'il aimait beaucoup, égrener quelques souvenirs du temps qui a passé peut -être trop vite pour lui, et nous sommes allés manger dehors.
Au retour il a tenu à me montrer un nid de cigognes. Les cigogneaux étaient quatre, pratiquement arrivés à la taille adulte, mais toujours coincés dans ce nid perché en haut d'un poteau électrique. Ils commencent à battre leurs immenses ailes pour sortir de leur monde étriqué et, c'est sûr, ils vont bientôt prendre leur envol...
les cigogneaux ?
RépondreSupprimersymbole des français , comme disent les british , des mangeux de grenouilles