samedi 10 décembre 2005

Cinéma

J'ai fait un jeu hier et j'ai gagné deux DVD : Forrest Gump et Billy Elliot. Outre le fait que je n'ai pas de lecteur de DVD ( j'attends qu'on me l'offre, mais je crois que ça ne sera pas encore pour ce Noël ci ), je ne suis pas pressé de voir ces films. Contempler les BOITES m'est un spectacle suffisamment ravissant pour que je n'ai pas envie de regarder les films qu'elles contiennent...D'autant plus qu'on m'a dit que j'allais pleurer avec Forrest Gump....


J'aime pas trop le cinéma. Je suis toujours jaloux des vies extraordinaires des héros, de leurs exploits invraisemblables, des décors luxueux dans lesquels ils évoluent. Bref mon existence ne ressemble jamais à ça....Alors pourquoi me polluer l'esprit avec des rêves qui ne m'arriveront jamais. Je préfère finalement m'accrocher aux petites choses bien réelles de mon vécu, même si c'est des riens et des peu. Je ne me fais pas mon cinéma... C'est d'un triste parfois...Eh oui ! Faut bien le dire: c'est à chialer souvent, mais c'est la vie...Pas besoin de Forrest Gump pour pleurer...


Dehors c'est plein soleil, ciel bleu, et c'est pas un décor. Si quelqu'un passe ça sera le bonheur...


vendredi 9 décembre 2005

Parler

L'avantage d'être ici, c'est ça : ce matin il fait 11 degrès. Bien sûr le ciel est tout couvert et il pleut par intermittence, mais le temps est tellement changeant qu'on peut toujours espérer voir un coin de ciel bleu à un moment de la journée. L'hiver passe comme une lettre à la poste et on peut toujours aller méditer sur le vaste monde durant de longues promenades le long de l'océan.


B. est une île. Des gens de partout viennent y passer quelques jours. L'air marin les tonifie. Ils font une pause et repartent ragaillardis. Quelques fois certains restent et tentent d'y prospérer. S'accrocher à une île battue par les vents est une chose ardue. J'en ai connu qui sont déjà retournés et qu'on ne voit plus. D'autres se sont bien installés tandis que certains émergent à peine. Il y a des gens dans la misère ici. J'en ai croisé un qui dormait depuis trois mois dans sa voiture. Est-il logé maintenant? Une autre s'en sortait à peine en faisant quelques ménages. Je ne compte pas ceux qui survivent grâce au RMI. Dans le luxe archi total qui s'étale ici, cette misère fait tache, mais elle est tellement discrète qu'on ne la voit pas. On ne peut pas la voir. Je l'ai sû parce que ces gens m'ont parlé.


Voilà. C'était sûr! le vent vient de chasser les épais nuages et le ciel est bleu...C'est bleu, c'est gris, c'est noir, ça bouge, ça passe, c'est la vie...


Mais toujours, toujours, toujours, la mer, imperturbable, bat le rivage et compte le temps...


jeudi 8 décembre 2005

S.

J'ai eu des nouvelles de S. hier. Elle ne va pas bien...


S. c'était un homme, la quarantaine bien tassée . C'est maintenant une femme. Le désir irrésistible du changement lui a pris un jour et il a fait toute la transformation. Il était marié avec deux enfants. Il avait une petite entreprise avec quelques ouvriers.


En mai dernier il est allé se faire opérer en Thaïlande. Il est resté là bas un mois. Il est revenu elle.


Elle a liquidé son entreprise, elle a liquidé sa paternité ( ses filles vivent très très mal le changement ), elle a liquidé son couple ( mais sa femme est toujours à ses côtés ). Elle a commencé sa transformation administrative : elle a pu accoler un prénom féminin à son identité d'origine sur ses papiers.


Elle est rentrée de Bangkok fatiguée et pâle. Elle savait alors que les difficultés ne faisaient que commencer. C'est bien le cas. Sans compter les prises d'hormones, les épilations et autres contraintes liées à son nouveau physique, elle se bat pour être reconnue comme femme par le peuple français, elle se bat pour essayer de se faire rembourser son opération, elle se bat pour conserver sa paternité dont on veut la déchoir, elle se bat pour avoir du boulot. Son petit pactole n'est plus qu'un lointain souvenir, sa femme vient de perdre son travail, c'est la cata... La déprime n'est pas loin...


Je me demande toujours quelles sont les forces étranges qui poussent certains dans ces extrémités...L'être humain restera toujours un mystère...


Je vais passer un petit coup de fil à S et lui proposer d'aller boire un pot....


mercredi 7 décembre 2005

Bible

Quelques petites choses : mon dentiste prend sa retraîte. Je vais devoir en changer. Je l'aimais bien. Il exerçait près de mon ancien boulot. Il était bougon, mais très consciencieux, travaillait avec des loupes comme j'en ai vu porter par les joailliers. Dans sa salle d'attente il y avait une bible à couverture bleue, bien en évidence. Il devait faire partie des témoins de Jéhovah ou d'un truc comme ça... Quand on s'est quitté je lui ai dit: " Alors adieu ! On se revoit où ? En enfer? Au paradis ? Je vous le dit tout de suite, moi je n'ai pas envie d'aller au paradis !" Ca l'a chagriné que je n'aie pas envie d'aller au paradis...


J'ai trouvé ça dans un blog : COMMENT SURVEILLER ses amis, ses amours, ses amantes, ses ennemis, son voisin...( Rayez les mentions inutiles...)


Un acheteur américain s'intéresse à ma CHAUFFERETTE SAINT GOBAIN que je n'ai toujours pas réussie à vendre.. J'en ai déjà divisé le prix par deux. Peut-être que cet objet traversera l'Atlantique...


mardi 6 décembre 2005

Vies

Lauth19 écrit de JOLIES CHOSES: "Tellement défoncé que je me suis endormi sur un escalier. Un week-end chaleureux, sous le signe de l'extasie, avec de grands amis... J'ai toujours eu envie de recommencer ma vie, mais dans le fond ça ne doit pas être possible. Alors je vis, j'essaie... De temps en temps des "haut", trés souvent des "bas". Mais je suis encor là, et tant que le sang coule dans mes veines, tant que l'air pénétre mes poumons, c'est qu'il y a encor un peu d'espoir..."


Il a 19 ans. Il est réaliste. Il se connaît bien. Il se défonce et vit de la sorte une vie chimique sous l'influence de molécules diverses et variées. Il y a ceux dont on modifie chimiquement le comportement dans les hôpitaux psychiatriques et il y a tous les autres qui le font d'eux-mêmes, dans leur vie ordinaire, comme ça. Ils ont une vie. Est-ce leur vie? C'est plutôt la vie des molécules qu'ils absorbent. C'est " ma vie alcool", "ma vie coca", "ma vie ecstasy", "ma vie héro", "ma vie shit", "ma vie amphé"....


Il y a aussi "ma vie Témesta", "ma vie Prozac". Il ne faut pas les oublier non plus...


Je vais rassembler toutes ces boîtes de vies, les vernir, les coller les unes aux autres, les monter sur un socle en marbre et j'aurai ainsi une statue, un objet ô combien représentatif des vies de beaucoup de mes contemporains. Cette statue, bien en vue dans mon salon, me permettra des dialogues intenses avec chacun d'entre-eux.....


lundi 5 décembre 2005

A.

Je reçois des nouvelles assez inattendues. Des anciens habitants de A. où j'ai passé mon enfance me contactent suite au site de photos que j'ai fait sur ce charmant petit village. Il y reste 800 habitants et j'en suis parti voilà bien longtemps, mais comme pour beaucoup, le village de mon enfance, c'est un endroit unique pour moi. Les gens y étaient gentils d'une manière incroyable, savaient vous préserver, étaient solidaires. Je n'embellis pas. C'était une vraie communauté alors et elle avait sû tirer les conséquences des rudes épreuves qu'elle venait de traverser. J'ai vécu une enfance dans la sorte d'euphorie qui saisit les peuples après les guerres quand l'avenir s'ouvre enfin vraiment plus radieux...Il y avait encore des chevaux dans les fermes, des charrois, du crottin dans les rues. Je me souviens encore des sonneries des quatre cloches de l'église. Il y avait des odeurs de foin l'été quand les chariots rentraient remplis au delà des ridelles. Je me souviens aussi de mes grand mères... Oh, que le temps passe...!.

dimanche 4 décembre 2005

Bâtard

En cherchant la copie d'une lettre hier ( recherche infructueuse pour l'instant ), j'ai revu les photocopies d'actes anciens concernant mes ancêtres de mâle en mâle et dont je porte le nom par conséquent. Là aussi je suis dans une impasse. Je suis arrivé à l'année 1764 et au delà je n'ai rien trouvé. Il faut dire que les curés étaient, pour certains, des jeanfoutres et qu'ils se moquaient complètement du soin à apporter à la rédaction de l'acte de baptème d'un pauvre fils de laboureur comme c'est le cas pour mon ancètre Jean.


La lecture de ces documents donne une idée de ce que peut être une société ségrégationiste: des belles écritures et des rédactions soignées pour les nobles et les riches, et des pattes de mouches pour le reste. Et puis, ce qui donne le vertige, les mots "bâtard", "enfant illégitime" bien écrits sur les actes de baptème comme pour marquer à jamais la destinée de ces enfants là. C'est l'Eglise qui avait ces attentions avec de pauvres innocents qui n'y pouvaient rien. Je rêve....


Autre crêve coeur à la lecture de ces documents: tous ces actes de décès d'enfants en bas âge. C'est hallucinant leur quantité ! On imagine mal que c'était comme cela il n'y a pas si longtemps.


Et puis la Révolution arrive: riches ou pauvres, tous ont droit à des actes écrits avec soin, d'égale longueur. On a tous oublié tout ce qu'on doit à la Révolution Française....


samedi 3 décembre 2005

Petit

Préparation de la transhumance : ménage (léger), transfert de fichiers. Deux semaines passées ici. Il y fait plus froid que là bas. Quelques cadeaux déjà achetés pour les fêtes. Le reste des achats se fera dans le sud. Pas la peine de me charger : j'aime voyager léger. Trois fois rien, trois pommes, trois petits tours.... Ca me fait penser à la comptine de Mozart: " il était un p'tit homme, qui s'app'lait Guilleri, carabi, s'en allait à la chasse, à la chasse aux perdrix, carabi, titi, carabi, toto, carabo, te lairas-tu, te lairas-tu, te lairas-tu mouri...." J'ai toujours imaginé être ce petit homme Guilleri. Ca m'allait très bien. Je n'ai jamais eu le sentiment que j'étais grand physiquement. C'est étrange, les autres ne me voient pas du tout comme je me sens. Mon image m'échappe totalement et je ne la maîtrise pas. C'est aussi bien ainsi, mais ce décalage parfois me crée des petits soucis ou m'entraîne dans des quiproquos. Pas grave finalement...


C'était la rubrique " on n'est jamais satisfait de ce qu'on a..."


vendredi 2 décembre 2005

Après

J'ai, en gros, passé cinq ans de ma vie à régler le problème de la mort. J'ai fait ce travail entre 25 et 30 ans. J'ai eu alors des moments d'angoisse qui m'empéchaient de prendre le volant et de conduire. L'angoisse n'a pas totalement disparu: je me réveille parfois en pleine nuit, totalement en sueur, l'esprit chamboulé, terrorisé de devoir mourir.... Mais , petit à petit les choses se sont mises en place. La première c'est que c'est inéluctable. C'est déjà une bonne base de départ. La deuxième, merci Gainsbourg, c'est que le néant, on l'a tous déjà connu. On a tous à peu près 13,7 milliards d'années de néant avant notre naissance, et je dois reconnaître que c'était pas si désagréable que ça...Recommencer cette expérience, ça ne me dérange pas du tout...La troisième je l'ai trouvée dans la lecture passionnante de l'astronomie de Flammarion, deux gros tomes bourrés d'équations que j'ai mis tout un hiver à lire: la vérité, c'est qu'on est perdus, mais perdus de chez perdus, seuls, isolés dans l'univers....On est rien en fait, tout petits, des crottes, des chiures de mouches. Alors la vie dans tout ça? P. m'a dit un jour : "entre le berceau et le cerceuil il faut bien faire quelque chose". C'est une juste vision de la situation. On est là, on ne l'a pas choisi et on fait quelque chose. Point barre.


Finalement je me suis dit: "Mon gars t'a cherché à comprendre. Tu te poses toujours des questions et t'as toujours pas trouvé de réponse. Et si finalement la vraie réponse c'est "qu'il n'y a pas de réponse". Subtil en fait: on a beau chercher on ne peut pas trouver de réponse absolue, prouvée, certifiée. La vérité sur l'après, elle n'existe pas. Personne n'est revenu des limbes pour nous raconter comment c'était après. Les humains ont peur du néant et ils croient n'importe quoi, pourvu que ça les rassure: c'est le fond de commerce des religions...


A trente ans j'ai enfin su qu'il n'y avait pas de réponse. Et depuis, comme l'a dit si bien P., je fais quelque chose et j'essaie toujours de le faire bien, à fond, avec sincérité.


Et un jour je partirai retrouver le néant...


Comme les marionnettes: " trois petits tours et puis s'en vont..."


jeudi 1 décembre 2005

chemin

Ce matin au réveil, c'est ce tableau que j'ai regardé. Il est dans ma chambre. C'est un de ceux que je préfère: il est archi simple. Il n'y a rien et il y a tout. Quelques traits, quelques coups de pinceau, c'est rien... C'est une ruelle, un chemin, et qui n'est pas droit. On ne voit pas où on va. On est un peu enfermé par les murs. Il y a du soleil aussi. Cet espace est quelque peu organisé : les courbes essaient d'être régulières. C'est à Patmos. C'est déjà l'Orient...