lundi 20 mars 2023

De la retraite

 

Voilà. La motion de censure présentée par Charles-Amédée du Buisson de Courson, seigneur de Vanault-les-Dames, seigneur d'Heiltz-le-Maurupt et seigneur de Sermaize-les-Bains, un député qui a été pour la retraite à 67 ans, homophobe, anti IVG, anti mariage gay, anti PMA, pro peine de mort, soutenu par la gôche qui n'est pas à son premier reniement, a été rejetée à 9 voix près  et par conséquent la loi est adoptée. Charles-Amédée a eu son quart d'heure de gloire...

Je comprends parfaitement qu'il soit difficile de se dire qu'il faudra travailler deux années de plus pour avoir droit à la retraite ( sauf que la loi Touraine de 2016 prévoit déjà  qu'il faudra 43 années de cotisation), mais je ne comprends pas qu'on estime devoir laisser la facture de nos bien-être du moment à la charge de nos enfants, de nos petits enfants  et de ceux qui viendront après.

Notre situation financière est pitoyable, le niveau de la dette est pharamineux et  il faudrait continuer les efforts encore et encore pour espérer laisser une situation propre à ceux qui vont nous succéder, ce qui ne sera pas le cas étant donnés les égoïsmes forcenés de mes contemporains.

Ceci dit, je m'interroge  Quel sorte de bonheur offre la retraite ? C'est du jour au lendemain la fin de  l'immersion sociale dans le monde du travail, le replis sur la famille, sur les relations de proximité,  lesquelles sont souvent étroites pour beaucoup d'entre nous.

C'est aussi l'apparition du sentiment de se sentir inutile, d'être à charge pour les autres. C'est souvent l'arrivée de journées sans but et sans intérêt entre le lever et le coucher.

C'est ainsi que j'ai fait deux mois de dépression au début de ma retraite et hier L. qui se réjouissait il y a deux ans de l'arrivée prochaine de la sienne, s'est mis à pleurer, effaré de la vie sans aucun relief qu'il a maintenant. Je l'avais pourtant prévenu. Ce changement total et brutal en effet n'est pas si simple à gérer.  La retraite ce n'est pas la panacée universelle et parfois c'en est loin.  Parmi les choses qu'on peut ne pas croire on peut classer ce mythe "la retraite, c'est le bonheur"...

Pour avoir une retraite intéressante, il faut avoir des passions, des projets, avoir un bon entourage et de vrais amis, sortir souvent, bien s'entendre avec sa famille,  avoir des moyens, faire des choses, se sentir utile et finalement toujours entreprendre, produire, être créatif et même oser se risquer parfois... Certains appelleraient cela un travail. On n'en est pas loin souvent..

J'ai suivi il y a quelques jours ce reportage où on voyait  Pierre Heckmann, l'un des derniers ivoiriers  qui ouvre son magasin à Paris chaque matin, réparer des pièces abîmées, entretenir des relations avec ses clients, annoncer fièrement qu'il a 94 ans et espérer que son petit fils prendra sa succession quand le moment sera venu. Voilà, il a 94 ans, n'a  pas décroché et vit de riches moments avec son travail, certainement plus intenses que ceux  du placide qui, affalé sur son canapé, passe son temps à regarder des matchs de foot et des séries en buvant de la bière sans pour autant donner un coup de main à sa femme qui se tape tout le boulot. Mais elle, au moins, ne s'ennuie pas.

Pour prendre mon exemple après mes deux mois de déprime, c'est en retapant des pièces dans un appartement que je me suis guéri.  J'ai la chance d'avoir des enfants et je suis allé les aider chaque fois qu'ils l'ont demandé. Peu après je suis devenu grand-père. Et puis ce blog est tombé à pic. Le temps que j'y consacre ne me semble pas perdu.  Et même si je ne peins que pour moi, mes tableaux me questionnent et me demandent des efforts.  On ajoute quelques amis et tout ne va pas si mal et j'ai toujours l'impression d'exister...  Ceci pour dire que si on m'avait demandé de rester au travail quelques années de plus je pense que ça m'aurait fait râler mais que j'aurais bien survécu en ayant passé mon temps d'aussi bonne manière que pendant ma retraite. Le travail c'est beaucoup mieux que ce qu'on raconte...

En ce qui concerne la chine, autre activité qui me demande un certain engagement, j'ai trouvé ce petit crucifix janséniste - ici en taille réelle -  avec un Christ en os. Il me semble dater de la fin du 18e siècle. Il  comporte une cache dans laquelle il y a des reliques renseignées par des paperolles.  Le genre d'objet que j'adore dénicher dans le fatras parce qu'il nous murmure  des tas d'histoires...

1 commentaire:

  1. D'accord avec toi. Cela fait 24 ans que je suis à la retraite. J'ai le privilège d'être en bonne santé et de manquer de temps pour tout ce que je voudrais faire. Pour ceux que la retraite inquiète, le secret c'est de s'y préparer avec des collègues et des copains, de chercher des occupations dans lesquelles on pourra se rendre utile, de continuer à turbiner, mais en étant son propre patron.

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