Dernier volet de la trilogie brocantesque de la Pentecôte, j'étais, tôt ce matin, à Urmatt agréable bourg qui s'allonge au fond de la vallée de la Bruche en une route, une ligne de chemin de fer, une rivière et une rue.... Je n'ai pas trouvé mon bonheur, mais parmi les objets improbables que j'ai croisés il y avait une dent de mammouth. Le vendeur fut tout étonné que je reconnaisse la chose et je lui ai demandé s'il pouvait me dire d'où elle provenait, chaque dent de mammouth ayant sa propre histoire. Voici en résumé: il travaille dans une ballastière à Gambsheim. Ils en découvrent environ deux par an mêlées au gravier qu'ils extraient pour fabriquer du béton. Il pense que ces dents se situent au dessus de la couche de gravier dans l'épaisseur de terre de trois ou quatre mètres qui le recouvre et qui glisse au fond de l'excavation, complètement remplie d'eau, au fur et à mesure de l'avance de l’exploitation. Il a complété en me disant qu'une autre fois ils avaient découvert les restes d'un bateau, qu'ils avaient appelé alors les services archéologiques et qu'ils ne savait pas ce qu'était devenu cette épave.... Ceci dit, la dent était beaucoup trop chère pour que je l'achète...
La réflexion que je me fais après cet entretien, c'est que la dent de mammouth est beaucoup plus courante que je ne l'imaginais. Si l'on estime l'avancée de la gravière d'un demi hectare par an ( glups, renseignement que je ne lui ai pas demandé ), ça nous fait quatre dents à l'hectare. Multiplié par la surface utile en Alsace soit environ 500 000 hectares, ça nous fait autour de deux millions de dents. Ce n'est pas rien... Le mammouth a eu ici son heure de gloire...
Autre mammouth auquel j'ai téléphoné ce matin en rentrant, mon père. Il va bien, recommence à lire tant bien que mal, a refait des mots croisés et voudrait essayer de rejouer à la belote, à condition de trouver des partenaires, ce qui n'est pas évident vu l'état moyen du résident dans sa maison de retraite. Ceci dit, ses abeilles lui manquent et pour la première fois de sa vie il a des douleurs. Il envisage donc de se faire mithridatiser au plus tôt au venin de ces petites bêtes, pratique ancienne à laquelle il attribue ses belles santé et longévité. En ce qui me concerne je regrette infiniment d'être gravement allergique à ces piqures, sinon je me serais appliqué la même médication que lui depuis longtemps....
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