Je poursuis tranquillement la lecture de mon année 2000. C'est assez répétitif, surtout la partie travail, mais j'aime relire mes aventures diverses et variées alimentées par une belle libido. Et comme j'ai le goût des collections...
Un petit extrait vers avril 2000 :
"Nous avons
fait les courses rapidement le matin . Il n’y avait pas trop de
monde. Nous sommes rentrés assez tôt pour boire un café et pour
aller à une brocante signalée par M.. Mais quand nous y
sommes rendus ce n’était qu’une fête scolaire dans un collège
situé prés des haras de Strasbourg. J’en ai profité pour rentrer
dans les haras et outre les magnifiques bâtiments du dix huitième
siècle, qui malheureusement sont en train de tomber en ruine par
manque d’entretien, outre les deux ou trois canassons, derniers
survivants de races de trait qu’on maintient en vie pour la conservation
des gènes, il flottait une odeur de paille et d’humide qui m’a
rappelé les odeurs de ma prime jeunesse quand je vivais à la campagne. Les paysans laissaient tous les enfants traîner dans les fermes, aller d’une étable dans une grange et nous
partagions ainsi la vie des habitants du village.
Ces odeurs de paille
mouillée, d’urine d’animaux, de crottin, d’herbe, de pluie, je
les avais oubliées et dans le décor quasi champêtre du manège qui
se trouve à l’intérieur des haras, j’ai pu retrouver les
sensations oubliées de mon enfance. Je suis ressorti à contre
cœur car L. m’attendait dans la rue, mais je me promets de
revenir un jour ou l’autre me replonger dans mes souvenirs. Plus
rien dans les campagnes aux alentours de Strasbourg ne ressemble au
village des tous débuts de ma vie : les animaux ne paissent
plus, il n’y a plus d’attelages de chevaux et les villages
rivalisent de propreté, d’équipements, de chaussées aménagées,
alors qu’il restait encore nombre de chemins de pierres et de boue
dans la campagne de ma petite enfance.
Pour ne plus jamais en voir
dans les prés, on se demande s’il existe encore des vaches alors
qu’on boit du lait tous les jours. Mais les formes diverses
que prennent les produits agricoles, revus et corrigés après toutes
les transformations que leur fait subir l’industrie agroalimentaire
nous écarte chaque jour davantage de la présence de la nature.
Maintenant que tout est sous plastique, calibré, reconditionné,
coloré, enrichi de choses et d’autres, on ne sait plus qu’à
l’origine des tranches de jambon il y a un porc qui a vécu quelque
part, ou qu’à la source du yaourt double crèmes enrichi de parfums
artificiels il y a le lait d’une vache stabulée dans un hangar immense et nourrie avec des farines provenant des déchet de
poissons péchés dans un océan.
On supprimera bientôt les océans comme on a supprimé les pâturages et après le lait en cube, le
poisson en carrés, le chocolat en triangle, nous auront les œufs en
cylindre, le vin en boule, les steaks en plaque, les frites
en tube... Tout notre monde s’éloigne chaque jour des
réalités de la nature et, retournant dans le passé avec ses vieux
bâtiments, ses toitures effondrées, ses pavages en galets, ses
rigoles, ses petites fenêtres, ses odeurs , sa boue, tels que je
les ai revus et sentis en rentrant par effraction à l’intérieur des haras. j’ai pu avec nostalgie mesurer le temps qui a passé, ce dont j'avais complètement perdu conscience..."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire