jeudi 25 septembre 2014

Mon arrière grand-mère...

Pour aller dans du plus léger aujourd'hui je suis parti à la recherche du fils naturel de mon arrière grand-mère dont me parle de temps à autre mon père qui ne manque jamais d'ajouter à chaque fois qu'il porte le même prénom en sa mémoire puisqu'il a été tué à la fin de la guerre 14.

J'ai tenté ma chance dans les tables décennales avant 1890 puisqu'elles sont accessibles par internet et j'ai trouvé un candidat en 1887. Et bingo c'était lui.
Effectivement " a comparu Jean Joseph ..., âgé de cinquante neuf ans, fermier, demeurant..., lequel a déclaré que Marie Joseph... âgée de vingt trois ans, sans profession, demeurant..., est accouchée en cette commune hier à une heure du matin, dans le domicile de lui déclarant, et en sa présence, d'un enfant de sexe masculin qu'il nous a présenté et auquel il a donné les prénom de Elie Gabriel, lesquelles déclarations ont été faites en présence de...etc..."

Plusieurs remarques : mon père ne porte pas son prénom, c'est toute une vie à assumer la mémoire d'un illustre disparu qui va être remise en cause quand je vais lui annoncer cela, les prénoms, Marie, Joseph, Jean, Elie, Gabriel qui illustrent que c'était des gens profondément catholiques  et puis cette honte absolue à la campagne en 1887 d'un enfant naturel.... Autre constatation, il n'a pas été reconnu par mon arrière grand-père, mais uniquement par sa mère par deux actes passés devant notaire en 1896 et en 1906 selon une mention marginale inscrite sur son acte de naissance...

Cet Elie Gabriel n'est pas mort à la fin de la guerre comme le raconte mon père, mais en février 1915, soit au début du conflit,   " dans l'ambulance de Sainte Menehould à la suite de blessures de guerre" à 27 ans.

J'ai aussi croisé aux cours de mes recherches un Henri Henry, oui Henri Henry, je vous assure... Ce nom ne disait rien à mon père, mais j'ai découvert depuis, en me reliant par des sites spécialisés aux recherches d'autres curieux comme moi,  que c'était un de ses grands-oncles, car marié à une sœur de mon arrière grand-mère, et chose étonnante il est né presqu'un siècle avant moi dans le même village que moi.
De là je me suis fais la réflexion que mon pseudonyme ne m'était pas venu du néant comme je l'avais toujours cru, - oui, je ne sais  pas expliquer pourquoi René Paul Henry -, mais par la transmission  inconsciente de certains événements de l'histoire de ma famille.

Je m'en ouvrais il y a quelques jours  à N. qui a trouvé que j'y allais un peu fort dans mes délires. Mais non. Je crois en la psycho-généalogie . " Partant du principe que nos ascendants nous ont légué plus que nos gènes ou nos traits, Anne Ancelin Schützenberger établit le principe de l’existence, dans chacune de nos familles, de règles de loyauté et d’un système de « comptabilité » non dits, qui fixent le rôle de chacun d’entre nous et nos obligations familiales. Comme un immense inconscient familial qui nous cloue à notre place et semble nous interdire d’en bouger."

L'histoire familiale m'explique en tout cas que ma grand-mère paternelle, sa fille ainée,  se soit laissée mourir, c'est vraiment l'idée qui m'est venue à l'époque,  quand après qu'une de mes cousines soit devenue fille-mère, sa sœur l'est devenue à son tour un ou deux ans après... La honte dans un village au début des années 70,  et c'était plus qu'elle ne pouvait en supporter....

J'ai cette unique photo abîmée de mon arrière grand-mère. Visage ravagé par les épreuves, regard fatigué, mais regard droit,  rempli de bonté.... Émouvant !

2 commentaires:

  1. Moi aussi je crois en la psychogénéalogie, et le livre de Anne-Ancelin et un excellent ouvrage que j'ai lu et que je devrais reprendre tant il m'a fait remonter des souvenirs. Non pas via la psychogénéalogie, mais bien par des histoires de famille. Un très beau portrait à transmettre si tu en as envie. J'ai l'album de mes arrières-grands-parents du côté de ma grand-mère. J'aime bien les regarder, les feuilleter. Même si les histoires racontées par maman je les ai oubliées. Je regrette ne pas en avoir pris note. C'est dommage pour le transmettre à mon fils seul intéressé dans ce domaine. Il y a matière d'ailleurs, car lui aussi y croit fermement.

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  2. Cette brindille, trempée dans l'encre, vous permet d'écrire de bien sympathiques commentaires. Merci...

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