Début 1983 :
"....Sun radio naissait chaque matin et mourait chaque soir. L’antenne posée sur le toit de l’immeuble résistait au vent, le petit émetteur ne refusait pas trop souvent les efforts qu’on lui demandait et chaque matin, à l’ouverture des programmes il se remettait en marche sans difficulté. Quand je dis petit émetteur c’était vraiment quelque chose d’une taille insignifiante comme une boîte à chaussure et encore, dans les petites pointures.
Mais quand il se cabrait, faisait sa mauvaise tête, tout était possible : il dérivait et allait mêler ses harmoniques aux ondes de l’aéroport de Bâle ce qui faillit, nous dit-on, provoquer de belles catastrophes, ou bien c’était les voisins qui ne recevaient plus leur télévision ou encore la préfecture qui ne recevait plus de messages. Nous acquîmes une certaine réputation dans la région et pour les derniers incidents les responsables officiels virent directement chez nous sans chercher plus loin. Il fallut souvent s’arrêter, faire venir le réparateur en catastrophe et perdre en quelques instants tout un tas d’auditeurs, nos trop rares auditeurs, qui s’en allaient écouter ailleurs.
Mais J. C., terrassé sur le moment par chaque nouvel avatar, se reprenait rapidement, cajolait les autorités et la petite boîte se remettait au travail, ondulait les signaux, les envoyait dans l’antenne qui les répandait dans l’espace et la vie renaissait….
Les bénévoles, eux, apprenaient leur métier sur le tas. C’était assez étonnant de voir que dès les premières émissions certains étaient déjà plus professionnels que d’autres. Je me suis frotté à cette expérience après avoir proposé de diffuser un peu de musique classique.
Il peut sembler facile de dire quelques mots sur un ton plutôt neutre entre deux interminables extraits de symphonies, mais la première fois ça stresse, la deuxième fois ça bloque et la troisième ça décourage : " je suis mauvais " . Je fus dépassé dans ce modeste rôle par D. qui faisait tout cela beaucoup mieux que moi, semblait plus naturel, plus chaleureux, plus clair. Bref il n’y eut pas longtemps de lutte possible et je dus laisser la place pour l’animation de cette émission qui avait trouvé un créneau de deux heures le mercredi soir...."
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