J'ai, en gros, passé cinq ans de ma vie à régler le problème de la mort. J'ai fait ce travail entre 25 et 30 ans. J'ai eu alors des moments d'angoisse qui m'empéchaient de prendre le volant et de conduire. L'angoisse n'a pas totalement disparu: je me réveille parfois en pleine nuit, totalement en sueur, l'esprit chamboulé, terrorisé de devoir mourir.... Mais , petit à petit les choses se sont mises en place. La première c'est que c'est inéluctable. C'est déjà une bonne base de départ. La deuxième, merci Gainsbourg, c'est que le néant, on l'a tous déjà connu. On a tous à peu près 13,7 milliards d'années de néant avant notre naissance, et je dois reconnaître que c'était pas si désagréable que ça...Recommencer cette expérience, ça ne me dérange pas du tout...La troisième je l'ai trouvée dans la lecture passionnante de l'astronomie de Flammarion, deux gros tomes bourrés d'équations que j'ai mis tout un hiver à lire: la vérité, c'est qu'on est perdus, mais perdus de chez perdus, seuls, isolés dans l'univers....On est rien en fait, tout petits, des crottes, des chiures de mouches. Alors la vie dans tout ça? P. m'a dit un jour : "entre le berceau et le cerceuil il faut bien faire quelque chose". C'est une juste vision de la situation. On est là, on ne l'a pas choisi et on fait quelque chose. Point barre.
Finalement je me suis dit: "Mon gars t'a cherché à comprendre. Tu te poses toujours des questions et t'as toujours pas trouvé de réponse. Et si finalement la vraie réponse c'est "qu'il n'y a pas de réponse". Subtil en fait: on a beau chercher on ne peut pas trouver de réponse absolue, prouvée, certifiée. La vérité sur l'après, elle n'existe pas. Personne n'est revenu des limbes pour nous raconter comment c'était après. Les humains ont peur du néant et ils croient n'importe quoi, pourvu que ça les rassure: c'est le fond de commerce des religions...
A trente ans j'ai enfin su qu'il n'y avait pas de réponse. Et depuis, comme l'a dit si bien P., je fais quelque chose et j'essaie toujours de le faire bien, à fond, avec sincérité.
Et un jour je partirai retrouver le néant...
Comme les marionnettes: " trois petits tours et puis s'en vont..."
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