lundi 12 décembre 2005

Ecrire

En y réfléchissant un peu, je me suis aperçu que j'avais une vieille habitude d'écrire. J'ai collecté mes jours depuis 1983 et s' il y a d'immenses vides il y a aussi des périodes transcrites avec régularité. Ces périodes correspondent à des moments assez intenses où j'avais plein de choses à ressentir. J'ai ainsi ma relation avec C. pratiquement en entier.


J'ai aussi toute l'année 2000 jour après jour. Voici un jour de mi décembre d'il y a cinq ans:


"Que dire d’un mercredi où le temps était bouché avec une légère pluie qui ne risquait pas de m’atteindre dans le court moment que je passais sur les trottoirs entre mon appartement et mon bureau à la Compagnie en évitant les crottes de chien et les crottes de pigeons ? Pas grand chose ! J’avais suffisamment de retard à rattraper pour ne pas baisser l’échine et je devais me consacrer totalement à ma tâche, mais aussi , en ayant marre, j’allais parfois quelques instants à la machine à café pour me donner des moments de détente. Le travail je ne savais pas le faire à jet continu. Il me fallait des moments de respiration entre deux tâches différentes et m’aérer ainsi l’esprit des process effarants de la Compagnie qui avait le don de compliquer tout ce qui pouvait être simple. La simplicité devait certainement enlever du travail à des échelons intermédiaires , échelons fayots de certaines autorités qui jouissaient là d’un faire valoir en même temps que d’un fromage. Les activité fromagères étaient bien développées au sein de la Compagnie quand on conçoit qu’un chef des services administratif ne rayonnait qu ‘en fonction du nombre de personnels qu’il avait en dessous de lui. Ainsi des postes étaient maintenus par pure nécessité carriériste de certains . Bien entendu les gens qui les occupaient cherchaient à justifier de leur paye par l’unique production dont ils étaient capable, à savoir du papier. Ce déferlement quotidien qu’on appelait « la marée blanche » n’avait pas cessé avec l’introduction de l’informatique, bien au contraire! Chacun, doté légitimement d’une imprimante, archivait avec religiosité les messages et autres documents qu’il produisait et ainsi nous étions passé des chariots poussifs qui, chaque jour, dans les immenses couloirs du siège ,se déplaçaient à la vitesse des pas du waguemestre en trimbalant le flot des documents d’un service à l’autre, aux vitesses effarantes proches de celle de la lumière qui véhiculaient les mails par Outlook aussitôt imprimés de crainte de les perdre ou de les oublier. Dans le fond , seuls les couloirs avaient bénéficié du progrès.


L’après midi j’eus une réunion pour la préparation de programme de l’année deux mille un où je devais prévoir la charge de travail de mon unité. Comme je ne savais pas encore quels travaux je réaliserai en cette année de grâce, je dis que je ne pouvais pas savoir de combien de personnes j’aurai besoin, notre travail consistant essentiellement, dans le fond, à une prestation intellectuelle que je ne pouvais pas chiffrer d’avance comme ça. Cette remarque ne fut pas retenue, car il fallait absolument que je produise ce document prévisionnel, avec si possible les justificatifs appropriés pour des travaux que je ne connaissais pas encore. Tout devenait absurde ; Je pouvais estimer que j’aurai certainement besoin de mon équipe, mais je ne pouvais pas dire pour faire quoi puisque je n’avais pas le détail des travaux prévus en deux mille un. Un de mes chefs s’accrocha à ses raisonnements abscons voulant coûte que coûte que je fournisse ces renseignements. Après un palabre qui dura presque deux heures, il repartit sans plus de résultat et je promis, pour avoir la paix, de faire quelque chose. C’était à la fois Feydeau et Courteline.


Un peu dégoûté je suis allé au café où j’ai croisé L. qui m’a remonté le moral en me disant que personne ne croyait à ces prévisions, mais qu’il fallait bien justifier de son salaire, puisqu’on nous le demandait. L. était toujours plein de sagesse...


Le soir je l’ai passé collé derrière mon ordinateur, préparant la riposte à la société Noos qui voulait m’augmenter le prix de mon contrat de raccordement au réseau Internet. Je devrais prendre un abonnement ailleurs et les laisser tomber.


Pour le reste queutchy comme dit Lulu."



Voilà... Je pense que depuis rien n'a changé...



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