vendredi 8 février 2013

14 pommes posées sur une chaise: Stendhal et Rossini

Avec P. nous allons de temps en temps manger une tarte flambée, arrosée d'auxerrois de Rolly Gassmann, excellent cépage bien charpenté et agréablement fruité d'un excellent vigneron. Nous avons nos habitudes dans un restaurant de village....
C'est toujours P. qui m'emmène. Je déteste conduire. En embarquant, hier soir, j'ai  tout de suite vu que quelque chose n'allait pas et il m'apprit que Charles Herrmann était mort. Nous lui avions rendu visite en 2009. Les circonstances de son décès, devant sa porte d'entrée en rentrant des courses, me firent penser qu'il avait succombé à une crise cardiaque ou à une rupture d'anévrisme. Je dis à P. que c'était bien pour lui et que je me souhaitais la même chose. De là, évoquant le petit B. qui avait été l'amant du couple, mon grand-père qui avait succombé au cours d'une promenade, le jour où j'avais failli mourir, mon père qui en avait marre de vivre,  je fis le tour de la question, de mon point de vue, obligeant P. à ne pas trop penser, il m'avait dit que cette nouvelle l'avait fait pleurer tout l'après-midi, et nous arrivâmes après avoir convenu que nous irions ensemble à ses obsèques prévues mercredi.

Une serveuse nous proposa une table dans un coin, à côté d'un radiateur, excellent environnement pour moi qui suis devenu frileux avec l'âge. Assis à la table, P. était encore troublé. "Je suis presque sûr que je connais la personne qui est à côté de nous. C'est C.  S. et nous étions au lycée ensemble.. J'en suis sûr... " Et il s'est mis à me raconter quelques anecdotes des petites misères qu'ils firent alors subir à quelques profs quand elles  écrivaient au tableau, le dos tourné... " Je ne sais pas ce qu'il est devenu, mais je sais qu'il a une fille autiste qui est peintre et qui est très cotée au Japon..."

Justement, C. S. était entouré de trois jeunes femmes. L'une d'entre-elles était certainement cette fille dont il me parlait. N'y tenant plus, P. demanda à la patronne si notre voisin était bien C.S., ce qu'elle nous confirma. C'est l'instant que choisit C.S. pour se tourner vers nous et nous dire qu'il avait lui aussi reconnu P., et la conversation s'engagea après une séparation qui avait duré quarante ans.

Par la suite la fille de C.S. vint plusieurs fois vers moi. Je pense que c'est ma tête qui est une sorte de mélange de celles d 'Hemingway, de Freud et de Victor Hugo, une tête de tout, d'aventurier, de penseur et de grand-père, qui l'attira, et, celle qui dessinait sans cesse tout en mangeant, m'offrit trois des dessins qu'elle venait de faire, un peu comme Picasso qui griffonnait sur les nappes en papier. Et comme Picasso, en partant à la fin du repas, la famille emporta tout. En rentrant, après m'être renseigné sur internet, je compris pourquoi. Elle est dans Top 10 mondial des  dix meilleures adjudications en 2011 des artistes de moins de 30 ans avec une œuvre qui s'est vendue 97495 $. Décoiffant !

Du coup me revient en mémoire ce que j'avais écrit en  2006 : "Bon. J'y crois pas! Stendhal croise par hasard l'une des deux plus illustres personnes d'Italie. C'est comme Chateaubriand qui dîne avec Washington  comme il le raconte dans les mémoires d'Outre-Tombe... Moi, bien entendu, j'ai couché avec le pape....!" 
Eh bien, maintenant je le crois: Stendhal a bien rencontré Rossini comme il le raconte dans son journal. Ces choses-là arrivent....


1 commentaire:

  1. et voila comment on devient millionnaire en une rencontre ! ca fait drôle que la famille ramasse tout

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